Objectif Cinéma : Vous
pensez à quels Festivals ? Cannes ?
Merzak Allouache : Oui,
Cannes, Venise, Locarno, le festival de la francophonie
de Namur etc. J'en suis à mon neuvième long
métrage, et c'est la première fois que j'ai
la sensation d'un silence autour d'un film.
Objectif Cinéma :
On ne sait pas quoi en faire ?
Merzak Allouache : Si
. On sait quoi en faire : l'oublier.
Objectif Cinéma : En
fait, votre film est victime d'une vision politiquement
correcte de la question algérienne.
Merzak Allouache : Voilà.
Il y a un débat général sur l'Algérie,
le terrorisme, etc. On s'attend à ce qu'un film aille
dans le sens attendu. Pourtant mon parti pris politique
n'est pas véritablement tranché dans ce film.
Je montre des personnages qui ne sont pas montrés
de manière manichéenne.
Objectif Cinéma :
Il n'y a rien de particulièrement
choquant, de scandaleux dans votre film. Comment expliquez
vous cette attitude ?
Merzak Allouache : Il
faut demander aux exploitants.
Objectif Cinéma : La
force du film, ce sont les personnages, notamment les personnages
féminins et Hakim. C'est un personnage dramatique,
romantique. Il interpelle les spectateurs. Vous donnez une
véritable épaisseur à un personnage
un peu clivé.
Merzak Allouache : C'est
une histoire d'amour, pas un reportage. J'accepte les critiques,
j'accepte qu'on dise : "Ton film est médiocre",
mais entendre dire qu'on n'est pas d'accord avec des thèses
défendues dans ce film, c'est autre chose ! J'estime
qu'il n'y a pas de thèses dans ce film, mais même
s'il y en avait, il faut laisser le public voir et discuter,
y compris pour exprimer un désaccord. Lors d'un débat,
à Paris, il y a quatre jours ; des femmes algériennes
m'ont dit qu'elles n'approuvaient pas la manière
de montrer la cousine qui affirme fumer du shit quand elle
s'ennuie, et qui estime qu'il n'y a plus que le fric qui
compte dans la vie... Elles ont trouvé que ce n'était
pas convenable. Bon, c'était une discussion, mais
elles ne vont pas pour autant couper la séquence
!