AUTOBIOGRAPHIE
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René Féret :
" Avec " les frères
Gravet ", mon dernier film, il y a une tentation de
s'échapper de l'autobiographie avec tout de même
un fond personnel, ce qui caractérise peut-être
le film par rapport aux autres que j'ai pu faire. C'est
peut-être aussi ce qui le rend moins chargé
sur le plan émotionnel. C'est peut-être la
raison pour laquelle il se dessine une espèce d'épilogue
par rapport aux choses que j'ai pu faire. Je ne dis pas
cela parce que je l'abandonne mais parce que je m'en aperçois
deux ans après, aujourd'hui. " (...) Il faut
que j'arrête ce genre de cinéma autobiographique.
Tous les gens qui ont beaucoup d'intérêt ou
de sympathie pour moi, et ont éventuellement les
moyens pour mettre de l'argent dans ces projets, ne me suivent
plus si je recommence ! Cela risque alors d'aller très
mal ! Il y a une évolution, une fatigue des autres,
un public susceptible de goûter cela qui se raréfie,
et puis peut-être que j'ai voulu faire tout ce que
je voulais vraiment faire à ce niveau-là.
"
JOHN CASSAVETES
René Féret :
" Il y a une dizaine d'années,
j'avais produit " Sarah " de Maurice Dugowson,
dont la femme venait de traduire " Love Streams "
en français. Cassavetes cherchait pour ce projet
un producteur depuis trois ans... Comme à l'époque,
des gens comme UGC m'avaient proposé d'être
producteur avec eux et de leur amener des idées,
je m'étais assuré qu'ils seraient très
contents si j'arrivais à faire tourner à Cassavetes
ce film là à Londres, en Europe. Fort de ça,
j'avais appelé Gena Rowlands qui m'avait arrangé
un rendez-vous... J'ai passé toute une journée
avec Cassavetes. Quand je l'ai vu, je ne tournais plus depuis
cinq ans, je ne faisais que produire. Et quand il a su que
j'avais fait des films, il n'a pas supporté cette
idée et m'a conseillé de continuer à
faire des films, que produire n'avait aucun intérêt.
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Il a d'ailleurs trouvé un
producteur américain quinze jours après et
je me suis mis alors à écrire le scénario
de " Mystère Alexina " à mon retour.
Il m'a dit en fait ce que j'avais envie qu'on me dise. J'avais
besoin que quelqu'un comme lui - que j'admirais - me le
dise. Il m'a expliqué toute une journée, entre
plusieurs bouteilles de whisky, que si on était cinéaste,
il valait mieux faire des films. Producteur, comme il disait,
c'est faire du café à l'équipe. J'ai
compris que produire, c'est amener des conditions possibles
à l'existence d'un film, et à la limite ne
pas y être. C'est même grave d'y être
quand on est metteur en scène parce qu'on peut avoir
des idées, ou si la personne demande conseil ou de
l'aide, on se trouve au fond en désaccord très
vite avec lui, ou en accord et on fait le film à
sa place ! je suis producteur, je suis intéressé
certes, mais dans une distance... "