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EDUARDO SERRA
L'Homme à la caméra
Entretien réalisé à Paris
le 26 janvier 1999
Par Bernard PAYEN


Disciple de Nestor Almendros et de Pierre Lhomme, Eduardo Serra, l'un des meilleurs chefs-opérateurs actuels, a débuté dans les années 80 dans des comédies réalisées avec l'équipe du Splendid. Il gardera de cette époque une forte complicité avec Patrice Leconte (ils ont travaillé ensemble sur six longs métrages dont le dernier, la veuve de St Pierre est sortis en avril 2000). Outre ses collaborations récentes avec Claude Chabrol (rien ne va plus et au coeur du mensonge), il poursuit une carrière internationale (Jude de Michael Winterbottom, Funny Bones de Peter Chelsom, Au-delà de nos rêves de Vincent Ward et Unbreakable de M. Night Shyamalan ...).


  Objectif Cinéma (c) D.R.
Objectif Cinéma : Parmi les comédies que vous avez réalisées, Marche à l'ombre affichait une esthétique particulière...

Eduardo Serra : Normalement, la comédie n'est pas très intéressante photographiquement parce que la lumière n'y est pas un élément de la construction du récit, alors que sur un film policier par exemple, la lumière est presque plus importante que l'histoire. Sur une comédie c'est l'action et non la lumière qui peut faire rire. On tend donc à une lumière plate, uniforme juste pour voir ce qui se passe. C'est pour ça que la comédie est mal vue, et n'a pas beaucoup de prestige côté photo. Mais dans Marche à l'ombre, on a pris le contre-pied des techniques photographiques de la comédie. C'était plutôt des clairs-obscurs, Michel Blanc avait souhaité tourner avec des focales très longues et les décors ont été choisis en fonction. Mais personne ne l'a remarqué...


Objectif Cinéma : Marche à l'ombre était plus ambitieux sur le plan visuel que Grosse Fatigue...

Eduardo Serra : Oui. Il y avait un net recul sur ce plan avec Grosse fatigue, même si j'ai essayé de jouer sur les parties réalité et cauchemar, en utilisant notamment des pellicules différentes. Michel n'avait plus envie de recommencer quelque chose d'aussi marqué photographiquement. Le sujet s'y prêtait moins, c'était moins extrême. Même s'il y avait des parti-pris, ils ne tranchaient pas radicalement avec une lumière normale.