QUE DEVIENNENT
LES COSTUMES ?
Suen Mounicq : Pour
Vatel, ils deviennent part de stocks de costumes qui peuvent
être loués après. Mais il est souvent
difficile de mélanger les genres. Pas tant de films
ont été faits sur l'époque. Sur "Vatel"
Il y a eu 5% de location (quelques culottes paysannes, quelques
chapeaux, des guêtres, des chemises), le reste est
création. Tout a été conçu,
dessiné, échantillonné, fabriqué
spécialement pour le film par Yvonne, du manteau
du Roi à la doublure de la robe de la figurante n°85.
C'EST MAGIQUE !
Suen Mounicq : J'ai
voulu faire ce métier parce que c'est magique. Il
y a de grandes satisfactions, à la hauteur des frustrations.
C'est un métier où les gens sont plongés
pour une durée limitée dans une très
grande intimité, ce qui provoque une entité
divisée en petites familles. Il est donc normal,
comme dans chaque société, qu'il y ait des
hauts et des bas.
PETITES PRODUCTIONS
Suen Mounicq : Sur
de petites productions de films, on demande aux comédiens
de venir avec leurs vêtements. Je préfère
que ce soit la production qui le demande, ça me gêne
toujours de le faire ! Il y a des possibilités de
changer du tout au tout la personnalité des gens
par rapport à leur penderie Il faut que ça
se fasse dans la confiance la plus totale, que le comédien
soit d'accord qu'on change son image, et qu'il te fasse
confiance pour être l'instrument de ce changement.
Cela me fait plaisir quand un comédien
me dit (pour un film moderne) :"ah je n'imaginais pas
un jour être habillé comme ça !"
C'est formidable quand on choisit des vêtements pour
des comédiens et qu'il les rachètent après
le tournage tellement ils les aiment ! Non seulement c'est
une économie substantielle pour la production mais
ça nous rend aussi content pour des raisons affectives.
FRUSTRATIONS ?
Suen Mounicq : Si
j'avais voulu vivre cette magie physiquement, porter moi-même
les costumes ? J'aurais décidé d'être
comédienne. A la limite je peux ressentir une appartenance
pour le tissu qui arrive, pour l'échantillon... Une
fois que le tissu a été transformé
en costume, il "appartient" au rôle, pas
nécessairement au comédien X ou Y mais au
rôle qu'il incarne. L'essayer signifierait un peu
violer cette intimité.