Objectif Cinéma : Ce
qui importe avant tout pour vous, c'est le scénario
?
Frédéric Brillion
: " Le scénario
et le metteur en scène, l'ensemble. Je dis pas que
c'est facile, il faut se battre quand même, mais sur
un bon sujet...Pour le film de Lioret, autant on avait pas
trouvé de distributeur pour son premier, pour celui-là
j'en ai refusé un pour en prendre un autre en minimum
garantie avant de tourner le film ! Parce que ce n'est pas
un premier film ! Pour un premier film, même un très
bon, on est dans l'obscurité - je parle pour les
investisseurs - ! Pour Ridicule, la seule chose qu'il fallait
voir c'est que Patrice sortait d'une série pas très
reluisante de succès. Il fallait voir ce que nous
avions pressenti de manière très forte (on
avait très envie que ce soit Patrice qui fasse le
film) : une vraie adéquation entre ce que faisait
Patrice et le ton, le thème du scénario. C'est
ça qui importait. Celui qu'on a proposé à
Alain Corneau, on ne l'aurait pas proposé à
Patrice. C'est là que notre boulot aussi est intéressant
: d'une part chercher des sujets qu'on aime et qui soient
cohérents par rapport à nous-mêmes,
et d'autre part trouver des metteurs en scène qui
correspondent aussi à ces sujets. Il faut avouer
aussi que travailler avec des réalisateurs de cette
expérience-là est un bonheur absolu. On a
énormément appris en tant que producteurs
en travaillant avec Leconte. Le danger de ne produire que
des premiers et deuxièmes films, il est aussi là
: quand on produit un réalisateur qui a un talent
extraordinaire, tant mieux, mais il faut être clair
: sur trente premiers films, il y en a 20 dont ce sera aussi
le dernier. Il y a un écrémage incroyable
!
Objectif Cinéma :
Quelles approches de travail avez-vous
eues avec Leconte et Lioret ? Est-ce que vous étiez
très présents ?
Frédéric Brillion
: " On est très
présents. On passe pratiquement tous les jours sur
le tournage, on voit les rushes, on parle beaucoup...On
n'en a fait que quatre pour l'instant, on est deux à
bosser, même si on continue la pub à côté...On
est plutôt interventionnistes sur le scénarios,
et à tous niveaux. "
Objectif Cinéma :
Quels sont selon vous les qualités
et les défauts du système de production en
France
Frédéric Brillion
: " La qualité
générale, c'est qu'il y a du pognon pour faire
du cinéma en France ! Le défaut, c'est qu'il
y a peut-être trop d'argent là où il
faut pas et pas assez là où il faudrait. Mais
c'est plus difficile à dire qu'à faire. C'est
vrai que le système génère des excès,
comme tout système...On peut faire une grosse comédie
nulle à un moment et trouver de l'argent pour la
faire, et faire un cinéma plus risqué et ne
pas en trouver. Parce qu'on est dans un système bancaire
et qui dit banque dit que avec des pseudos garanties liées
sur le passé, obtenir des énormes découverts,
alors que si on vend une idée moderne pleine d'avenir,
on a aucune garantie sur le passé puisqu'elle est
moderne et pleine d'avenir ! Donc on obtient rien ! Le défaut
du cinéma français aujourd'hui, c'est qu'il
est aligné sur le système bancaire. Et ce
système bancaire ne fonctionne que sur des garanties
qui ne sont justifiées que par le passé. C'est
le défaut majeur ! Une banque rentre dans le capital
de Jean-François Lepetit après Trois Hommes
et un couffin, alors que la bonne affaire c'est de rentrer
avant ! C'est la caricature du système. Le défaut
dans le financement du cinéma français aujourd'hui,
il est là. Quand on fait Ridicule, Charles Berling
ça vaut zéro avant et maintenant ça
vaut...On a un système qui a tendance à donner
beaucoup à des recettes déjà consommées.
La Haine a failli ne jamais exister, personne ne voulait
mettre un rond pour que se fasse le film. C'est très
symptomatique. Il y a des producteurs qui n'ont pas d'argent
et il y a des banques qui en ont, alors l'idéal serait
que les producteurs aient de l'argent pour prendre leurs
risques en connaissance de cause. Est-ce qu'ils deviendraient
des banquiers à ce moment-là ? "
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Objectif Cinéma : Vous
qui êtes plutôt interventionniste dans la manière
de produire vos films, que pensez-vous des sneak-previews
?
Frédéric Brillion
: " On n'en a jamais
fait mais je n'y suis absolument pas opposé. Il faut
les prendre avec toutes les réserves d'usage. Je
ne crois pas qu'il faille s'en servir uniquement pour aplanir,
mais ce qui m'intéresserait vraiment dans les sneak-previews,
ce serait plus de voir comment fonctionne l'histoire...
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2001 Le Nouveau
Jean-Claude de Didier Tronchet
2001
Vertiges de l'amour de Laurent Chouchan
1999
La Veuve de Saint-Pierre de Patrice Leconte
1996
Tenue correcte exigée de Philippe Lioret
1993
Tombés du ciel de Philippe Lioret
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