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Le film a été sélectionné
à Sarasota, où il y a eu un mouvement incroyable
de solidarité. C'était très émouvant,
à la sortie de la projection : Costa-Gavras disait
" c'est un devoir que ce film soit sur les écrans
", Alain Sussfeld était submergé de fax
qui disaient que c'était honteux que ce film ne soit
pas distribué...Une fois la vague de Sarasota passée,
on était toujours sans distributeur. On a donc décidé
de le distribuer nous même, avec cette fois-ci des
vrais coups de main possibles dont on s'est passé.
Michelle de Broca nous avait proposé de nous aider
financièrement si on sortait le film nous-mêmes,
Canal a remis de l'argent, ce qui nous a bien servi. Il
y a eu une vraie solidarité, et puis ce film est
devenu " le petit film qui fallait absolument défendre
". On a eu des retombées presse et tv extraordinaires,
on s'est fait " bouillon de culture ", "
nulle part ailleurs " la veille de la sortie...Le film
est sorti dans 10 salles, et on a fait un démarrage
assez flamboyant : 25 000 entrées la première
semaine à Paris. Comme on est pas distributeur, on
a pas pu " tenir " le film, dans une période
de gros succès (la liste de Schindler, Philadelphia,
Ivory...). Le film a fait un peu plus de 100 000 entrées
France, ce qui pour un distributeur qui n'avait jamais distribué
était un assez joli score. Ce film nous a donné
une image de gens qui se battent, on n'a pas versé
dans la fatalité de se dire qu'on avait un film qui
n'était pas distribuable. Ca nous a probablement
servi ensuite, on a dû se dire " tiens voilà
des gens qui vont au bout, qui ont une notion de marketing,
un sens de la sortie en salles, une volonté...Enfin
il y a eu cette formidable histoire de Ridicule qui à
tous les niveaux a dépassé ce qu'on espérait...A
chaque étape où on a avancé, avoir
l'accord de Leconte dans les 24 heures nous semblait irréaliste,
mais ça a marché, obtenir un casting de belle
qualité, faire un film dans des conditions exceptionnelles
de calme et de sérénité (je crois que
Patrice a eu un plaisir énorme à faire ce
film), un film qui nous a totalement séduit, même
si on a d'abord trouvé des petits défauts
au premier montage. On a fait l'effort de réécrire
deux petites séquences de trente à quarante
secondes après montage, qui renforcent la construction
narrative. Rémi a eu le génie de prendre ces
éléments structurels de l'histoire et d'enrober
ça dans des micro-séquences dont personne
ne se rend compte qu'elles puissent avoir été
écrites à posteriori.
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Je mets quiconque au défi
de savoir lesquelles c'est ? Ce serait un jeu-concours assez
rigolo ! Personne ne peut le suspecter ! On a pu faire avec
Patrice un travail d'orfèvre. C'est rare de pouvoir
tourner des petites choses comme ça qui nous paraissaient
importantes à l'époque. "
Objectif Cinéma :
Est-ce qu'il a été
facile de convaincre les éventuels investisseurs
de mettre de l'argent dans le film " Ridicule "
?
Frédéric Brillion
: " Sans aucun problème.
Les investisseurs c'est qui ? C'est Canal...on voit pas
Canal refuser un film de Patrice Leconte avec un scénario
de cette qualité-là ! Les autres chaînes
de tv...TF1 a refusé, considérant que c'était
pas son public, quant au service public, je le vois mal
refuser ça ! Et ensuite le cinéma de Patrice
s'exporte formidablement bien. Il a été facile
de trouver un groupe qui accepte de verser des a-valoirs
commerciaux, et on avait l'avance sur recettes. Le schéma
était assez simple. Philippe Carcassonne est resté
minoritaire dans le film mais il est venu apporter une forme
de reconnaissance qu'on n'avait pas encore. Je crois qu'aujourd'hui
en France, les bons films, les bons scénarios coûtent
trop cher mais si ils ne coûtent pas trop cher ils
se montent. Franchement. C'est pas l'argent qui manque en
France, ce sont les bons scénarios. Les bons projets
se montent. "