NICOLAS
BOUKHRIEF Enfant " fin de siècle
" du cinéma
Entretien
réalisé en septembre 1998
Par Bernard PAYEN
On peut se demander si la multiplication
des fanzines et des revues de cinéma indépendantes
dans les années 90 ne découle pas en partie de
la disparition de Starfix, magazine de cinéma dont la
curiosité et le style enthousiaste des rédacteurs
manque toujours dans le petit monde de la critique de films
et plus largement dans le traitement médiatique de l'actualité
du cinéma. Entre 1982 et 1990, l'existence de Starfix
a représenté l'avènement de la culture
" fanzine " : on y critiquait les films avec pertinence
et sans jargon, on défendait avec flamme de nouveaux
réalisateurs que les autres journaux et revues observaient
les yeux mi-clos et surtout, on y défendait une véritable
idée du cinéma, éclectique, absolument
pas dogmatique. Cette idée qu'on peut défendre
aussi bien Tarkovski, Kurosawa et Tim Burton tout en renversant
le mythe du film " chef d'uvre ".
Nicolas Boukhrief, l'un des fondateurs-rédacteurs
de ce magazine culte, poursuit aujourd'hui d'autres activités,
dans le même esprit créatif. Après un
passage au Journal du cinéma de C+ de 1991 à
1993, il est devenu conseiller à la programmation de
cette même chaîne, puis a intégré
l'équipe de Canal + Ecriture, où sont développés
des projets cinématographiques choisis sur synopsis.
Depuis le début de cette année 1998, il a créé
avec son acolyte Richard Grandpierre, la société
de production Eskwad, qui met en chantier deux ou trois films
par an. Mais Boukhrief est aussi le programmateur de Mon cinéclub
(le lundi sur C+) - ou la persistance hebdomadaire de l'esprit
Starfix sur les ondes télévisuelles - et surtout
réalisateur : Le plaisir (et ses petits tracas), son
deuxième long métrage est sorti discrètement
en août dernier.
Sans prétention, les yeux vifs
et la langue alerte, confession d'un cinéphile "
fin de siècle ".
APPRENTISSAGE
Nicolas Boukhrief : "
Le cinéma a toujours fait partie de ma vie. Vers
13 ans, j'ai dû me dire que je voulais faire du cinéma.
Je lisais pas mal mais le cinéma c'était autre
chose, il y a d'abord eu Walt Disney, puis James Bond, Bruce
Lee, une vision populaire du cinéma due aussi au
milieu dans lequel j'étais. Il y a eu ensuite beaucoup
de films d'horreur, vers 13/14 ans, que je regardais comme
un fou, de manière un peu pathologique, et j'ai vu
Orange Mécanique et Huit et Demi, un
peu à la même période, qui m'ont frappé
de plein fouet, puis Le Septième Sceau de
Bergman. Je suis devenu alors plus adulte dans ma passion,
j'ai fait quelques films super 8 et du journalisme. Avant
Starfix, je faisais un fanzine qui s'appelait Intruder,
avec notamment Michel Spinosa, qui a réalisé
Emmène-moi il y a quelques années. "