" La vidéo a fait exploser
le cinéma qui était un art bourgeois jusque-là.
Pour faire l'Idhec, à mon époque, il fallait
des sous. Avec la vidéo, les petites caméras
et des lieux pour exister, ça fout aujourd'hui un
boxon. Les prolos s'emparent du cinéma, et les petits
bourgeois de la presse sont un peu condescendants, critiquent
Richet par exemple, quand il filme Virginie Ledoyen à
la fin de son film (Ma 6T va cracker, ndr) . J'étais
sûr que Richet n'avait pas vu La Chinoise et
c'était le cas. C'est ça qui était
beau : vingt ans après, le mec voyait sa meuf en
costume mao et avait le même fantasme que Godard.
Les critiques devraient trouver touchant que Richet retrouve
comme ça une partie du cinéma qu'il ne connait
pas.
Ce qui me désole, c'est que
nous allons générer un jour, à notre
tour, une presse : dans cinq, six, sept ans, il y aura des
journalistes qui seront avec nous mais seront ultra-violents
avec des petits jeunes qui arriveront et voudront faire
des films d'une autre façon. Ce que les journalistes
qui détruisent nos films ne savent pas, ce sont les
appels de réalisateurs comme Cavalier, Vecchiali,
pour nous parler de nos films. Beaucoup de metteurs en scène
s'étaient manifestés à l'époque
de Va mourire. C'est pour cela qu'il faut faire du
journalisme cinéma quand on est jeune, affûter
son éthique et puis faire autre chose après.
Le journalisme de cinéma, c'est quelque chose qu'il
faut faire jeune, quand on est passionné et curieux.
A Starfix, on était comme ça. On a
arrêté au moment où on commençait
à être moins passionnés, à devenir
un peu cons. On se déplaçait moins pour aller
voir des courts métrages, on commençait à
avoir des à-prioris, à avoir une espèce
de ligne éditoriale plus rigide... Si on n'avait
pas mis à mort ce magazine, on aurait vieilli comme
les autres. On aurait fini par n'avoir plus que des certitudes.
Je ne vois pas comment on peut être critique pendant
plus de trente ans ! "
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1997 Le Plaisir
et ses petits tracas
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