MON CINECLUB
Nicolas Boukhrief : "
Avec Mon ciné-club, il y a cette idée du cinéma
qu'on peut mettre ensemble Dario Argento, Godard, Monteiro,
Jarmusch, etc. De ne pas parler toujours de chef d'uvre,
ce qui me gonflait quand j'étais môme et que
j'entendais " vous devez penser que c'est un chef d'uvre
". Alors c'est sûr quand on passe Citizen
Kane, c'est facile. Mais c'est bien de passer un Dario
Argento en disant que c'est un film passionnant. De prendre
des risques sur des auteurs. Comme on faisait à Starfix.
Je me goure parfois : il y a des auteurs que j'ai pris pour
le ciné-club qui sont des nazes, qui vont nous prouver
qu'ils ne sont pas bons et qu'ils ont fait un premier film
vaguement intéressant qui vieillira mal... Mais je
trouve ça excitant parce que ça fait une relation
au cinéma et à la cinéphilie qui est
vivante, pas compassée ni morbide. "
" Le mot passeur me gonfle énormément.
C'est un mot à la mode qu'on retrouve partout aujourd'hui.
J'aime pourtant cette idée de passer le lien, que
je partage avec les anciens de Starfix. Scorsese
a ce truc là aux Etats-Unis, quand il ressort Belle
de jour par exemple. On produit nos propres objets de
culture, on fait nos films, tout en essayant de maintenir
à niveau le degré de respect, de culture et
de profondeur de la cinéphilie que nous avons reçu.
C'est comme ça qu'on préserve une certaine
idée du cinéma.
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Il y a des cinéastes recycleurs
qui prennent tout et qui ne produisent pas, ne distribuent
pas. Nous, on a un sentiment de respect par rapport aux
anciens, d'honnêteté par rapport à nos
maîtres. Il n'y a aucune malhonnêteté
quand Christophe Gans fait HK magazine ou réalise
Crying Freeman, il déclare ses sources. Alors
que je vois beaucoup de sources non déclarées
dans beaucoup de films d'auteur français. (...)
L'idée après, c'est de créer des vocations.
Des gens écrivent pour me remercier d'avoir passé
tel ou tel film, ou me proposent des listes de films. J'espère
que cela créera notamment des vocations de journalistes
: il faut renouveler la bande de tocards qui existe aujourd'hui.
Entre les mecs de Première qui sont des arrivistes
nés, des opportunistes sans aucune éthique,
qui ne parlent que de ceux qui les font vendre, les gens
de Studio qui sont restés bloqués sur Depardieu
et Dewaere il y a trente ans et ont une vision Ciné-Monde
du cinéma ou les gens de Libé bloqués
sur une vision très nouvelle vague du cinéma,
etc... Le meilleur de la cinéphilie aujourd'hui,
c'est HK magazine et les fanzines, où on retrouve
la curiosité, le brassage.