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David Cronenberg (c) D.R. DAVID CRONENBERG
Enregistré à Paris en 2001
Par Floriane ABELE


Pour la sortie d'un livre d'entretien écrit par Serge Grünberg, consacré à son œuvre, David Cronenberg, le réalisateur de Crash avait prévu un grand programme promotionnel lors de sa venue à Paris, conférences, rencontres, séances de dédicaces. Une grande rétrospective a été consacrée à son œuvre, ainsi qu'une exposition regroupant objets de tournage, de collection, à la Maison du Canada. Fascinée par l'étonnant contraste entre les films gores, torturés de Cronenberg, et l'image sereine, sympathique que l'homme renvoi, je me suis rendue à un entretien public organisé à la FEMIS. Dans une ambiance intime et détendue, avec une assemblée constituée d'étudiants, le cinéaste s'est révélé très accessible, ouvert, drôle, pudique et réservé. Pendant près d'une heure trente, Cronenberg est revenu sur la création de ses films.


  David Cronenberg (c) D.R.
Objectif Cinéma : M. Cronenberg, nous vous recevons aujourd'hui dans un cadre étudiant, à la FEMIS, est-ce que vous pensez que l'enseignement du cinéma est souhaitable et possible ; et si c'est le cas, qu'est-ce qu'on peut transmettre et apprendre ?

David Cronenberg : Je n'ai jamais fait d'école de cinéma, je suis autodidacte. J'ai commencé à faire des films au milieu des années soixante sur le tas, sans formation. Je pense que contrairement à la littérature, le cinéma peut être enseigné, car c'est un médium qui amène différentes personnes à collaborer, et qui utilise beaucoup de technologies. L'enseignement est donc possible et même souhaitable. D'ailleurs certains étudiants sont devenus aujourd'hui de grands cinéastes.


Objectif Cinéma : Vous êtes toujours ouvert à l'extérieur, à des sollicitations personnelles pour The Blood par exemple, ou à une suggestion de producteur pour Crash, ou aux nouvelles technologies pour Vidéodrome, Existenz, ou à des rencontres pour Existenz encore. Est-ce que maintenant, vous avez des choses à l'intérieur de vous qui n'ont pas encore été développées ou est-ce que votre inspiration vous vient seulement de l'extérieur ?

David Cronenberg : J'espère que oui, sinon je suis fini comme cinéaste (rires). Pour moi, le sujet, le noyau du film, peut surgir de n'importe où. Selon mes propres expériences, l'inspiration peut me venir d'un rêve, d'un article dans le journal, d'un événement qui m'arrive, un scénario peut avoir comme base un concept très abstrait, ou l'idée d'un personnage. Je ne sais pas exactement d'où ça vient. Après, le passage à l'extérieur, à la réalisation est une autre affaire. Actuellement, j'ai deux scénarios qui n'ont pas encore été tournés. Le cinéma, c'est la frustration, c'est difficile et complexe.