J'ai eu ensuite l'opportunité d'assister
à des tournages et de voir de plus près comment
tout cela se déroulait, mais contrairement à
une idée reçue, ce n'est pas si compliqué
de louer ces services. Pour ma part, j'ai commencé
par faire de la régie : on te demande juste de faire
les courses et d'avoir une voiture. Ensuite sur les tournages,
tu assistes aux essais caméra, et te familiarises
aux matériels. Pour travailler, c'est vraiment une
histoire de rencontres humaines, car à moins que
tu sois un excellent technicien, on prend des gens qui se
comportent bien, et ne se prennent pas trop la tête,
car l'ambiance sur un tournage est extrêmement importante.
Objectif Cinéma : Y
a-t-il beaucoup de concurrence ?
Euriel Etevenon : C'est
énorme ! Le cinéma c'est un rêve, je
vois souvent de nouvelles têtes chez Alga (un loueur
de caméra), des fanatiques, du type "je dormirai
avec"... Alors que c'est une machine purement technique,
c'est un appareil photo en mouvement, c'est un bel instrument
qui permet de capter le monde mais pas plus que ça.
Objectif Cinéma : Quels
sont les rapports que tu entretiens avec l'équipe
au cours du tournage ?
Euriel Etevenon : C'est
un poste vraiment à la "face", comme tout
le monde a accès à la caméra... Ce
qui importe c'est le cadre. Par exemple, les décorateurs
vont apporter un accessoire pour couvrir un champ, mais
ensuite tout le reste n'existe plus, et c'est le mouvement
perpétuel des comédiens, de la maquilleuse
: tout est dans notre axe... On a une impression d'assemblée...
Objectif Cinéma : L'évolution
d'un poste à un autre est-elle difficile ? Et quelles
sont tes attentes ?
Euriel Etevenon : On
n'est pas cloisonné dans un poste établi,
il y a beaucoup de possibilités... Des réalisateurs
sont passés par la caméra ou l'assistanat
de mise en scène, puis sont passés ensuite
à l'image. C'est instructif car on se rend compte
de ce que rend tel ou tel mouvement de caméra...
C'est vraiment sur le terrain qu'on apprend, on ne le dira
jamais assez. J'aimerai pouvoir passer première assistante
et donner plus de moi même, avoir plus de responsabilités.
On a envie de participer davantage, d'être plus impliqué.
Tout le monde se parle, peut intervenir à une certaine
échelle sur le travail des autres, cela reste très
ouvert... On est en mouvement, chacun y met du sien à
tour de rôle : la préparation des lumières
ou les comédiens venant enfiler les costumes...Tout
le monde ne bosse pas en même temps, il y a une vraie
passation de pouvoirs en quelque sorte.