Objectif Cinéma : Que
s'est-il passé ?
Jean-Claude Brisseau :
Il est vrai que je ne suis pas encore mort. Je préfère
ne pas aborder plus encore ce sujet. Revenons aux problèmes
formels si vous le voulez bien Mademoiselle.
Objectif Cinéma :
J'ai découvert votre film
Les Savates du Bon Dieu au Festival du Havre, en janvier
2000, où vous le présentiez au public pour
la première fois. Je me souviens de votre étonnement
devant le silence assez froid de la salle.
Jean-Claude Brisseau : Si
j'ai bonne mémoire, il n'y avait pas grand monde
et c'était surtout un public de gens de cinéma,
des critiques, du CNC, entre autres. Ce sont des gens, la
plupart mais pas tous, qui ont l'habitude de tout mettre
à distance au sens presque de la névrose obsessionnelle.
Je pousse un peu mais il faut dire que les critiques français
mettent à distance, mais ce n'est pas seulement les
critiques. Je me rappelle une discussion avec le musicien
Phillipe Sarde qui me disait "moi dans la musique personne
ne me demande de toucher les gens, au contraire on me dit
de ne surtout pas mettre d'émotion, la plus loin
possible." Le monde cultivé Français,
c'est ainsi que je le nomme, a peur des émotions.
Le maximum pour eux se situe chez Eric Rohmer, un cinéaste
qui procède par allusion, car tout le monde a peur
de la mort et de la souffrance. Tout le monde a peur de
s'engager dans quelque chose alors on préfère
les petits trucs, les petites allusions dans lesquelles
on sourira. Je ne fonctionne pas comme cela.
Objectif Cinéma : Une
certaine critique vous reproche vos maladresses, l'usage
des clichés. On vous taxe de criard, plein de bons
sentiments alors que vous témoignez d'une très
grande maîtrise, héritière de la peinture,
Ingres notamment pour la scène du nu chez Armédia
dans L'Ange Noir.
Jean-Claude Brisseau : J'ai
filmé moi-même cette scène, avant le
tournage, avec moins de filles et j'ai donné au chef-opérateur
cette séquence en lui demandant de s'en inspirer.
Je procède toujours de cette façon-là.
Je fais des essais en vidéo, je regarde si ce la
fonctionne ou non et ensuite je fais les séquences.
Objectif Cinéma : Que
faites-vous de vos essais ? Vous les gardez comme carnets
de notes ?
Jean-Claude Brisseau : Non,
je les efface tous.
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2002
Choses secrètes
2000 Les
Savates du Bon Dieu
1994
L'Ange Noir
1992
Céline
1989
Noce Blanche
1988
De Bruit et de Fureur
1983
Un jeu brutal
1978 L'échangeur
(docu)
1981
Les Ombres
1978
La vie comme ça (Super 8)
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