Objectif Cinéma :
Ta musique évoque très
facilement des images, dans le cas d'Amélie Poulain,
le film marchant très bien et pouvant facilement
s'exporter, penses-tu que ta musique aura des répercussions
à l'étranger ?
Yann Tiersen : Je
ne pense pas du tout à ces choses là. Je ne
retiens que la rencontre. On n'a pas eu besoin de parler,
tout s'est passé dans la plus grande sérénité.
Philippe Le Guay et Jean-Pierre Jeunet aimaient bien ce
que je faisais, donc ils m'ont demandé de faire ce
que je sais faire. Avec Philippe, on a un petit peu plus
parlé des personnages qu'avec Jeunet, notamment du
personnage de Victor, de ce quotidien familial assez douloureux.
La seule différence, c'est que j'ai travaillé
avec lui sur la déclinaison des morceaux et sur la
manière de les caler.
Objectif Cinéma :
Comment cela se passe financièrement,
au niveau des contrats... La bande originale d'Amélie
Poulain est-elle considérée comme un de tes
albums ?
Yann Tiersen : J'ai
sorti L'absente en même temps, pour moi c'est un peu
la même chose puisque la bande originale du film est
largement composée de musiques préexistantes,
cela s'apparente plus à une compilation ajoutée
d'inédits. Je trouve ça merveilleux pour un
film qu'on utilise la musique et qu'elle lui appartienne
ensuite, car elle sert les images, elle est en ce sens inhérente
au film. Pour un disque, les morceaux composés ont
une histoire, un disque reste un disque, mais une bande
originale, c'est différent, ce n'est pas la même
implication. C'est pour que cela reste cohérent.
Les titres des morceaux, par exemple, n'ont rien à
voir avec le film.
Objectif Cinéma :
Tu as fait des concerts en Asie,
un peu partout dans le monde. Comment est perçue
ta musique à l'étranger ?
Yann Tiersen : Je
ne sais pas trop. Je sais qu'en Espagne, Tout est calme
a été beaucoup plus sollicité que Le
phare. C'est un regard différent : on me considère
comme un musicien à texte. Ca fait plaisir, car dans
l'autre sens c'était un excès. J'imagine que
le succès du film va largement m'ouvrir sur l'étranger.
Objectif Cinéma :
Au-delà de ton travail pour
le cinéma, j'ai pu lire que tu aimais bien les films
de Sharunas Bartas, est ce que les films que tu vois t'influencent
?
Yann Tiersen : Non
pas du tout, je travaille de manière très
instinctive, ça peut être très difficile,
mais bien que je puisse avoir une panne - comme ce fut le
cas après Le phare - une fois que ça vient,
ça vient.