Objectif Cinéma : Comment
 tout a commencé pour toi ?
Franck Allera : Par
 un Bac A3, option cinéma, puis la faculté.
 Là, je me suis sauvé en courant : les étudiants
 avaient la grosse tête, tout le monde avait tout vu,
 et très peu de personnes pouvaient réellement
 toucher au matériel. Cela me rendait hystérique
 ! La deuxième année, j'ai travaillé
 à mi-temps dans un stock, à " Distribution
 service", il y a environ 4 / 5 stocks de ce type en
 France. C'est là que s'effectue le suivi des copies
 de films sortant des laboratoires.
 
Objectif Cinéma :
 Ensuite comment avais-tu trouvé ce travail à
 GBVI ?
Franck Allera : Un
 jour le directeur technique de GBVI, Christophe Lacroix,
 rencontré deux ans auparavant lors d'un emploi dans
 les laboratoires Eclair, m'appelle pour me demander si j'étais
 intéressé pour remplacer temporairement son
 assistant. J'ai dit oui sans hésiter ! C'était
 un job très intéressant. A chaque sortie de
 film, nous nous occupions des bandes annonces, des adaptations,
 de superviser le parcours d'un film du mixage final au laboratoire.
 
 
Objectif Cinéma :
 Concrètement comment cela
 se passait ? 
Franck Allera : Dans
 un premier temps, la copie arrive en anglais, il faut donc
 faire une version française. Il en va de même
 pour les films annonces : c'est du travail quotidien. Un
 service à Disney s'occupent de ça, ils sont
 responsables des doublages pour la France, choisissent les
 comédiens, les directeurs de plateau. L'année
 où j'ai travaillé à Gaumont, 23 films
 sont sortis : de nos jours ce n'est plus un travail artisanal
 mais un vrai travail industriel à l'américaine.
 On était 3 : le directeur technique, son assistante
 et moi. C'est perturbant dans ce travail d'avoir à
 s'occuper de 2 à 3 films par mois car on n'a jamais
 le temps d'apprécier la sortie d'un film. A peine
 sorti d'un film il fallait enchaîner à nouveau.
 On n'accompagne pas le film. C'est ce qui parfois pouvait
 paraître un peu écurant. Dans un autre
 genre, pour l'anecdote, les Américains ont mis beaucoup
 de temps à comprendre qu'on était passé
 au Beta numérique et qu'ils pouvaient cesser de nous
 envoyer des K7, 1 pouce. Pour eux, la France ou l'Afrique,
 c'est la même chose ! 
 
Objectif Cinéma :
 Comment décrirais-tu l'industrie
 du cinéma ? Et à quelles difficultés
 as tu été confronté dans ton travail
 ? 
Franck Allera : Par
 exemple Les Films du Losange, qui doivent sortir 5 / 10
 films par an, les distribuent sur a peu près 5 à
 10 copies tandis que le film Disney Dinosaure sort
 sur 850 copies. Cela signifie que sur les quelque 1000 salles
 en France, le mercredi, jour de la sortie nationale, toutes
 les salles ont ce film. Ce ne sont évidemment pas
 les mêmes proportions ! Dans un cas il y a dix copies
 à fournir pour la France qu'on n'arrive même
 pas à faire tourner hors de Paris, et dans l'autre,
 850 copies. Vis à vis du laboratoire, c'est énorme.
 Gaumont est l'un des plus gros client et bénéficie
 logiquement de grosse réduction.