Objectif Cinéma : Quel
a été votre parcours ?
Michel Fournier : J'ai
été pris en 1964 dans la classe de préparation
à l'école Vaugirard (actuellement Louis Lumière),
au Lycée Voltaire - avec André Téchiné,
qui était toujours le premier de la classe - puis j'ai
réussi le concours de Vaugirard ; mais que les choses
soient dites, les études à l'époque,
c'était vraiment n'importe quoi. Les professeurs étaient
sympathiques mais ils faisaient vraiment partie des meubles.
Ensuite, le matériel dont on disposait datait des années
1920, et s'occuper de la caméra était déjà
tout un film. Résultat, on n'apprenait strictement
rien, on était vierge de tout cinéma. Cependant,
beaucoup d'entre nous avaient une large culture cinématographique,
et grâce à Henri Agel, critique de l'époque,
qui enseignait dans cette classe de préparation au
concours, on voyait une centaine de films par mois.
Objectif Cinéma : Le
cinéma résonnait pour vous comme une évidence...
Michel Fournier : En
fait, faire du cinéma est la première idée
qui m'ait traversé l'esprit quand j'étais
enfant. Dans ce quartier de Ménilmontant où
j'habitais, il y avait 7 à 8 cinémas dans
un tout petit périmètre. Et je voyais tous
ces films hollywoodiens, complètement idéalistes
mais qui me laissaient rêveur. Quand j'ai vu La belle
et la bête de Cocteau puis La bête humaine,
ce fut comme une révélation. En somme, à
8 ans j'étais déjà un fou de cinéma,
j'ai très vite identifié la vie aux films
; j'étais presque autiste et le cinéma a formé
mon esprit dès mes premières années.
Selon moi, la plus grande jouissance qu'on puisse ressentir
devant un film, c'est de s'endormir devant, et de se réveiller
comme si c'était vraiment de l'ordre du rêve.
On reconstitue du relief inconsciemment, c'est merveilleux.