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  MICHEL FOURNIER
Chef opérateur et cadreur
Entretien réalisé le 18 juin 2001
Par Philippe BEER-GABEL
Photos de Stéphane LEGRAND


Michel Fournier, chef opérateur-cadreur des années 70, rencontré lors de la projection du Lit de la vierge de Philippe Garrel - dans le cadre de la rétrospective des films " Zanzibar " au Centre Georges Pompidou - est responsable des images des premiers films de Philippe Garrel ( Marie pour mémoire, Le révélateur, La concentration, Le lit de la vierge, La cicatrice intérieur, Athanor ) Il nous trace un portrait de Philippe Garrel et nous donne quelques principes techniques pour construire l'image et la lumière d'un film.

Retour sur le parcours atypique d'un passionné qui nous livre ses impressions sur le métier et part en guerre contre Kodak.



  Objectif Cinéma (c) D.R.
Objectif Cinéma : Quel a été votre parcours ?

Michel Fournier : J'ai été pris en 1964 dans la classe de préparation à l'école Vaugirard (actuellement Louis Lumière), au Lycée Voltaire - avec André Téchiné, qui était toujours le premier de la classe - puis j'ai réussi le concours de Vaugirard ; mais que les choses soient dites, les études à l'époque, c'était vraiment n'importe quoi. Les professeurs étaient sympathiques mais ils faisaient vraiment partie des meubles. Ensuite, le matériel dont on disposait datait des années 1920, et s'occuper de la caméra était déjà tout un film. Résultat, on n'apprenait strictement rien, on était vierge de tout cinéma. Cependant, beaucoup d'entre nous avaient une large culture cinématographique, et grâce à Henri Agel, critique de l'époque, qui enseignait dans cette classe de préparation au concours, on voyait une centaine de films par mois.


Objectif Cinéma : Le cinéma résonnait pour vous comme une évidence...

Michel Fournier : En fait, faire du cinéma est la première idée qui m'ait traversé l'esprit quand j'étais enfant. Dans ce quartier de Ménilmontant où j'habitais, il y avait 7 à 8 cinémas dans un tout petit périmètre. Et je voyais tous ces films hollywoodiens, complètement idéalistes mais qui me laissaient rêveur. Quand j'ai vu La belle et la bête de Cocteau puis La bête humaine, ce fut comme une révélation. En somme, à 8 ans j'étais déjà un fou de cinéma, j'ai très vite identifié la vie aux films ; j'étais presque autiste et le cinéma a formé mon esprit dès mes premières années. Selon moi, la plus grande jouissance qu'on puisse ressentir devant un film, c'est de s'endormir devant, et de se réveiller comme si c'était vraiment de l'ordre du rêve. On reconstitue du relief inconsciemment, c'est merveilleux.