Objectif
Cinéma : Qu'entendez
vous par " il y a encore une révolution à
faire " ?
Michel Fournier : Au
niveau des possibilités d'expression de l'outil cinématographique
en tant que tel. Personnellement je n'aime pas la peinture
abstraite, mais entre le figuratif, et l'impressionnisme,
c'est magnifique. Il y a mille et une manière de
personnaliser les images, on peut faire beaucoup plus que
Time Code de Mike Figgis. Jerry Lewis faisait déjà
ça dans L'homme à femme. Il a fait un film
sur Venise, en filmant des jambes au ras du sol, c'est rester
dans l'histoire du cinéma. Les films abstraits sont
vus par 10 personnes par an, mais depuis le temps qu'on
en parle et que c'est projeté en cinémathèque...
Garrel me traitait d'égal à égal alors
qu'il avait plus d'expérience que moi, mais c'est
au metteur en scène de faire confiance à son
opérateur. Nous ne devrions pas avoir besoin de nous
révolter : il faut qu'on nous laisse travailler.
C'est le cas dans beaucoup de postes au cinéma. A
présent, les opérateurs sont comme de grandes
vedettes, ils attendent qu'on les appelle et ils ne peuvent
pas se permettre d'aller demander du boulot à un
metteur en scène. Libérez vos opérateurs,
et vos ingénieurs du son ! Au son, ils sont sevrés,
voire traumatisés, hormis Bonfanti, ou des gens de
cette envergure, le son est souvent la cinquième
roue du carrosse sur bien des tournages.
Objectif Cinéma :
Comment appréhender le cinéma
techniquement parlant quand on débute ?
Michel Fournier : Il
y a un principe, si vous faites du cinéma pour vous
guérir, guérissez vous avant. Le cinéma
peut servir de psychanalyse, mais ça peut aggraver
votre cas ; vous mettez votre névrose au contact
de milliers de gens. Vous n'êtes plus seul devant
votre glace. Chercher la simplicité, ne pas se laisser
influencer au départ, et ne pas se laisser dominer
par la technique. Je suis allé dans les labos Kodak
en Amerique. La mise en uvre de leur technique est
énorme. Leur support précédent était
de la gélatine de mouton, c'était un support
très riche. Ils sont maintenant sur du rendement,
ils sont gérés par de pauvres gens, qui laissent
peu de possibilités aux créateurs. C'est un
problème clé. Ils s'en sortent parce qu'ils
traitent spécialement certains films dans leur labos,
tel les films de Tim Burton. Ils refont quelque chose proche
du Technicolor, mais il n'y a que très peu de privilégiés.
Je vais vous dire, les gens ne vont plus au cinéma
pour voir des images, mais pour voir des acteurs.
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1975 Anatomie
d'un rapport de Luc Moullet et Antonietta
Pizzorno
1973
Athanor de Philippe Garrel avec Nico, Musky
1972
La Cicatrice intérieure de Philippe
Garrel
1969
Le Lit de la vierge de Philippe Garrel
1968
Le Révélateur de Philippe
Garrel
1967
Marie pour mémoire de Philippe Garrel
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