Objectif Cinéma : Comment
es-tu rentrée dans l'industrie du X ?
Ovidie : C'est
assez simple, je cherchais à en faire depuis longtemps.
Aussi, étant donné que je ne voulais pas faire
de films " amateur ", je me suis directement adressé
à Marc Dorcel, avec qui le contact est bien passé
; puis j'ai tourné mon premier film.
Objectif Cinéma :
Quelles étaient tes attentes
envers ce cinéma de " genre ", comme tu
l'as qualifié toi-même ?
Ovidie : En
fait, j'ai découvert le cinéma pornographique
à l'âge de 16 ans. J'étais plus intéressée
par le jeu des actrices qu'au cinéma porno en tant
que tel. Mes attentes ont évolué au fil du temps
mais ce qui est toujours resté, c'est l'aspect "performance
physique" d'un film porno. Ensuite, en tant que réalisatrice,
il y a pour moi toute une dimension politique dans le porno.
D'autre part, j'ai toujours eu un faible pour les films de
genre westerns, Kung Fu, films d'horreur, et je m'intéresse
beaucoup à la construction de ces films. Ils reproduisent
toujours le même schéma.
Objectif Cinéma : Comment
un film porno est-il produit ? Et comment un film pornographique
se distingue t-il d'un autre film X ?
Ovidie : Je
ne peux parler que des miens car il y a 20 000 films pornographiques
produits dans le monde chaque année. Sur ces 20 000,
très peu sont des films de genre pornographique, dans
le sens où il y a vraiment beaucoup de matériel
à branlette. Ces films là coûtent quelques
centaines de milliers francs et peuvent atteindre un budget
d'un million de francs, voire deux millions, mais cela reste
très rare. Je dirais que le budget moyen d'un film
porno atteint environ 500 000 francs. Par exemple, pour mon
premier film, j'ai obtenu 750 000 francs.
Objectif Cinéma :
Généralement d'où
proviennent les financements ?
Ovidie : Je ne m'y connais
pas beaucoup en production, mais un film porno ne se rembourse
qu'au bout de 5 ans d'exploitation, sur la location et la
vente. Il n'y a pas énormément d'argent à
se faire du côté de la production. Ce qui rapporte
de l'argent, c'est la distribution, les rachats de droits
des films étrangers. En général, une
maison de production essaie d'avoir un grand catalogue de
distribution, sur lequel ils se font un maximum d'argent.
La création de sites Internet aide parfois, ainsi
que la vente de calendriers. C'est à partir de ces
retours-là, qu'ils peuvent investir. Personnellement,
je ne touche pas de droits sur mes films. Je touche des
droits uniquement si mon film passe à la télévision,
mais pas sur les ventes.