Objectif Cinéma : Et
dans les films dans lesquelles tu as joué, combien
de films font partie du genre pornographique ?
Ovidie : Il
y a des films qui sont difficiles à classer. J'ai
eu la chance de ne pas faire de films "amateur",
ce qui enlève une grande partie du matériel
pornographique. Je dirais presque tous, excepté les
films clips et à vignettes.
Objectif Cinéma :
Comment as tu eu l'opportunité
de passer à la réalisation ?
Ovidie : Marc
Dorcel savait que j'écrivais un livre, que j'avais
fait des études de philosophie, et m'a alors proposé
d'écrire un scénario. Initialement, je m'en
foutais d'écrire un scénario pour récupérer
20000 francs, alors j'ai dit oui, mais uniquement si je
pouvais le réaliser.
Objectif Cinéma :
Il n'y a pas eu de contraintes particulières
?
Ovidie : Non
pas vraiment, parce que ça tombait bien pour eux,
comme pour moi. Je commençais à être
médiatisée. Ca leur faisait un nom. Je m'occupe
de tout, du moindre costume jusqu'au montage. Ca pose parfois
des problèmes car j'essaye des choses qui ne lui
plaisent pas forcément. Entre autres, j'insiste pour
tourner en son direct : les doublages sont la plupart du
temps très mauvais, et après on fait croire
que les acteurs sont mauvais ! La musique, elle aussi, est
souvent lamentable.
Objectif Cinéma : Comment
ont été reçu tes films ?
Ovidie : Mes
films ont été plutôt bien accueillis,
j'ai tourné le premier en 5 jours A l'origine, il
devait s'appeler Orgie macabre, qui était
une adaptation libre de Orgie of the dead de Ed wood.
Le deuxième, Lilith, est très différent.
C'est contemporain, ça ne se passe pas dans un cimetière
des années 70. Lilith est une femme normale qui s'émancipe
et se débarrasse de son bonhomme, couche avec sa
copine... Et puis, il y a des scènes hétéros
sans pénétrations pour changer. Il est vrai
que je suis privilégiée par les budgets qui
me sont accordés. Cela me permet de travailler correctement.
Objectif Cinéma :
A quelles difficultés as-tu
été confrontée dans ce milieu ?
Ovidie : C'est
le " syndicat des concierges ". Dès que
quelqu'un a la possibilité de régler ses comptes,
il se sert des médias pour balancer. Une des difficultés
que j'ai rencontrée en arrivant dans le métier,
est que je voulais tourner avec préservatifs. C'est
encore rarissime, car une actrice qui n'est pas sous contrat
avec une maison de production ne peut rien faire valoir.
Objectif Cinéma : Ca
commence à venir non ?
Ovidie : Il
y a plus de filles qui osent arriver en disant : "
je veux tourner avec préservatif ". Mais la
situation est loin d'avoir évoluée.
Objectif Cinéma :
Comment expliques-tu cette soudaine
médiatisation ?
Ovidie : En
général, les actrices médiatisées
sont des filles poussées par la production : l'exemple
type, c'est Laure Sinclair, qui a parcouru les plateaux
afin de faire vendre les productions Dorcel. Pour ma part
j'ai été sincère, je n'étais
pas une femme sandwich. J'ai eu de la chance, je suis arrivée
dans un moment où heureusement, c'était tendance
de créer une fille féministe qui fait du porno.
Ca fait moderne pour quelque intellos parisiens. (rires)