Objectif Cinéma :
T'es tu trouvée des affinités
avec d'autres acteurs du X ? Tu ne t'es pas sentie un peu
seule ?
Ovidie : Au
début, quand je suis arrivée, c'était
: " qui c'est celle là ? Pour qui elle se prend
? Pourquoi elle développe ce discours ? Pourquoi
elle fait ça ? ", et puis, petit à petit,
jai noué des liens avec pas mal de monde. Et puis
tous les acteurs ne sont pas de gros machos
Objectif Cinéma :
Il y a des gens comme Hervé-Pierre Auguste, qui commence
à avoir du crédit, existe-t-il une sorte de
confrérie ?
Ovidie :
Je n'ai pas le même discours qu'HPG. On ne travaille
pas ensemble, et on a pas les mêmes aspirations. Dans
tous les cas, mon idée de faire des films pornos
moins mécaniques, avec des humains et non plus des
machines, et d'utiliser plus fréquemment le préservatif,
se sont propagées. Je ne sais pas mais depuis que
je tiens ce discours, ça a réveillé
pas mal de gens. Il y a une volonté d'humaniser le
cinéma porno.
Objectif Cinéma : As
tu des modèles d'actrices qui t'ont inspiré
?
Ovidie : Oui,
des actrices américaines dans les années 70-80.
Je pense à Nina Hartley, Sharon Mitchell, Annie Prinlkley,
toutes ces filles avec qui je suis en contact à présent.
Objectif Cinéma : Le
seul film que j'ai vu de toi était XYZ.
Ovidie : Oui
c'est assez mauvais, mais en temps normal il y a un vrai
travail, proche de la chorégraphie. L'autre intérêt
du cinéma pornographique étant aussi de pouvoir
s'exprimer de manière sonore.
Objectif Cinéma : Comment
as tu eu l'opportunité de jouer dans Mortel Transfert
?
Ovidie :
Initialement je n'avais pas envie de le faire C'est quelqu'un
qui m'a appelé pour me dire : " On a besoin
d'une fille pour jouer une scène un peu SM ".
Et comme je passais dans le coin, je suis allée au
casting. Une nana a pris un Polaroïd, et a filmé
mon visage. Elle m'a rappelé pour savoir si je pouvais
revenir. Ca ne me tentait pas du tout, mais j'y suis tout
de même allée avec quelques heures de retard,
et là j'ai rencontré Jean-Jacques Beinex,
qui m'a dit : " laissez moi un peu de temps mais je
crois que c'est vous " C'est drôle dans la mesure
où j'avais mis toute la mauvaise volonté du
monde pour le faire.
Objectif Cinéma :
Et dans le cadre du Pornographe
?
Ovidie : Bertrand
a vu plusieurs actrices X au Canada et en France, et apparemment
les filles qu'il avait rencontrées ne lui convenaient
pas du tout. Elles avaient un côté glauque,
et voulaient le faire pour l'argent. En somme, il voulait
quelqu'un qui le fasse pour les bonnes raisons.
Objectif Cinéma :
N'as-tu pas vécu une sorte
de décalage à te retrouver dans un film dit
" traditionnel " ? Cela ne t'a pas séduit
?
Ovidie : Non
pas du tout, je m'en branle. On me propose souvent des projets.
En tant que réalisatrice, ça m'intéresserai
de faire un film de genre, mais en tant qu'actrice ça
ne m'intéresse pas plus que ça.
Objectif Cinéma :
Cela ne t'intéresse donc
pas de te lancer sur les deux plans ?
Ovidie : Je
marche à l'envie. Je ne prends pas le porno comme
tremplin pour faire carrière dans le cinéma
traditionnel.