Objectif Cinéma :
Quel regard portes-tu sur l'incursion
progressive de scènes X dans les films d'auteurs
?
Ovidie : Ca
dépend. Quand je suis sortie de Romance, j'ai
trouvé ça beaucoup plus malsain, plus dégradant,
que du porno. Ca allait au-delà de tout ça.
Personnellement j'essaie de faire des choses positives avec
le sexe, donc je ne peux pas approuver des films puritains
qui jouent sur la culpabilité.
Au-delà du cinéma, je trouve qu'il y a une
inquiétante récupération du porno un
peu partout. Notamment dans la mode, la publicité,
c'est toujours dans une mise en scène très
noire, comme par exemple Kate moss qui montre son bleu,
ou bien une femme qui se fait monter par un chien. Tout
cela est de plus en plus accepté.
Je pense que cela fait passer quelque chose de culpabilisant,
alors que nous, on fait du sexe pour le fun. Plus le temps
passe, et plus le porno est renié, il suffit de voir
les conditions dans lesquelles on s'est fait jeter de Cannes.
Objectif Cinéma :
Que penses-tu du film de Virginie
Despentes en tant que réalisatrice ?
Ovidie : Ce
n'est pas mon truc du tout, mais elles ont eu le courage
de le faire. Elles ont eu beaucoup de soucis, on les a accusées
de le faire pour l'argent, ce qui est faux, et on a fait
l'amalgame avec ce que faisait Breillat. Ce qui est absurde.
Objectif Cinéma :
Une réaction sur Breillat
?
Ovidie : J'ai
fait une émission avec elle. Je n'en ai pas dormi
de la nuit : c'est une vraie boule de nerfs, c'est l'horreur.
On a de très mauvais rapports. Avec Isabelle Alonso,
ça peut aller car je la sens capable de se remettre
en question. Elle est sincère dans sa démarche,
mais par rapport au métier du sexe, elle n'est pas
au point. Elle crise quand les femmes se font traiter de
salopes tandis que moi je m'auto proclame salope, et tant
mieux pour moi, ça sert mon épanouissement.
Objectif Cinéma :
Comment ont-été perçu
tes participations aux films d'auteurs ?
Ovidie : Ce
qui m'a étonné, c'est que les gens du milieu
du X m'ont dit: " de toute façon je suis sûr
que tu feras mieux un jour ", mais mieux que quoi ?
Ca me blesse quand j'entends çà. D'un autre
côté, je n'ai eu que de bons retours du milieu
traditionnel.
Objectif Cinéma :
Que t'ont apporté ces passages
dans ces films?
Ovidie : Le
travail était le même pour moi . J'ai bien
aimé la façon de présenter le sexe
chez Bertrand Bonello car il n'y avait rien d'exceptionnel
dans ces scènes. Ce n'était pas différent
de la scène de Jean Pierre Leaud qui fait de la barque.
Au niveau de mon investissement émotionnel c'était
du même ordre.
Objectif Cinéma :
Que veux tu faire avancer ?
Ovidie : J'essaie
de faire passer mes idées anti-sexiste, féministe,
politique, anarcho bolcheviko-kassinskienne. Et je me sers
du plus gros outil de propagande
Objectif Cinéma : Mais
quelles sont-elles concrètement ? Quelles propositions
as-tu à faire ?
Ovidie : Je
vous renverrai sur mon bouquin de référence
: La société industrielle et son avenir
de Théodore Kassinski.