Objectif Cinéma :
Tu n'as pas peur de te faire récupérer
par le système et de te faire enfermer dans cette
image d'intello du X ?
Ovidie :
J'ai déjà pu m'exprimer un minimum, et le
fait qu'il y ait eu une médiatisation autour de moi
donnera peut être aux gens l'envie de lire mon livre,
qui est un pur bouquin féministe. De toute façon,
Ovidie n'est pas un bon marché et je sais parfaitement
ce que je fais.
Objectif Cinéma :
En quoi penses-tu que la hardeuse
est une faille dans le système, qu'elle échappe
au conditionnement ? (référence à un
article du Nouvel Observateur) ?
Ovidie : Il
ne faut pas se référer au Nouvel Observateur.
Je n'ai jamais fait cette interview. Dès qu'ils ont
l'occasion de casser du sucre sur le porno, ils le font.
Ils ont tout inventé, je ne les ai jamais rencontrés.
Ils m'ont portraituré comme une adolescente attardée,
et prétendait qu'il m'était arrivée
des choses horribles dans mon adolescence, tout ça
parce qu'une fille qui proclame qu'elle veut et aime faire
du porno, cela dérange.
Objectif Cinéma :
Il y a de plus en plus de contemporains
qui écrivent des choses très pertinentes sur
le porno, tel Medhi Belhaj Kacem qui effectue une analyse
sémiotique du porno, ce sont des données qui
t'intéressent ?
Ovidie : Hier
encore, je me disputais avec mon mari, à ce sujet,
et je disais que bien leur fasse à ces gens. Ils
écrivent sur le milieu, mais n'ont pas mis les pieds
dedans.
Objectif Cinéma :
Depuis 20 à 30 ans c'est
devenu une norme non ?
Ovidie : Pourtant
il y a une régression de l'acceptation du porno.
On était beaucoup plus libre dans les années
70.
Objectif Cinéma :
Pourtant il y a une glorification
de la pornostar. On associe porno à glamour, c'est
un double mouvement quand même...
Ovidie : La
seule fois où je suis passée dans FHM,
c'était dans le journal du pire, donc bon.
Objectif Cinéma : N'est-ce
pas faussement ironique ?
Ovidie : Oui
mais cela veut bien dire ce que ça veut dire. On
n'est pas des nanas glamour en couverture : on est dans
le journal du pire. En ce moment, il n'y a pas une semaine
où l'on ne parle pas du porno. Ca fait de l'audimat,
ça fait vendre. On met du cul partout, mais ce n'est
pas parce qu'on voit beaucoup du porno, qu'il est plus accepté.
Objectif Cinéma :
Quelles sont tes solutions ?
Ovidie : Continuer
à faire des films porno et expliquer aux gens qu'il
n'y a pas de mal à voir et à faire du porno.
Déculpabiliser les gens vis à vis de leur
propre sexe.