Objectif Cinéma : Y
a - t - il une différence de statut entre Production
et Distribution ?
Régine Vial : C'est
un capital plus élevé, à hauteur de
200 000 frs.
Objectif Cinéma : Quel
est le rôle majeur de la distribution ?
Régine Vial : Produire
c'est fabriquer, distribuer, c'est faire exister auprès
d'un public... Ce sont deux métiers très différents,
la distribution c'est mettre un film dans le marché.
Objectif Cinéma : Comment
cela s'est-il passé dans le cadre du film d'Orso
Miret ?
Régine Vial : Le
cas d'Orso n'était pas facile... On entretient de
très bon rapports avec Sunday morning production,
on a travaillé très en amont étant
donné qu'on s'est engagé dès l'avance
sur recette, en raison des courts métrages qu'il
avait fait et de la confiance que l'on portait à
Nathalie Mesuret. Pour nous cela avait du sens, c'est un
travail de reconnaissance. On s'était battu aussi
pour Lars Von Trier, et maintenant cela s'est largement
concrétisé. Il faut beaucoup de temps pour
faire naître quelqu'un, c'est un peu ce qu'on a fait.
Pour une structure indépendante comme la nôtre,
faire exister quelqu'un, c'est pour nous quelque chose d'important.
Pour De l'histoire ancienne, la presse est plutôt
magnifique, le travail n'a pas été de la mobiliser,
mais la vraie difficulté: c'est le marché.
Aujourd'hui, il y a énormément de films qui
sortent, alors pour un premier film qui traite d'un sujet
si grave, rencontrer le marché est une étape
qui pose la question suivante : comment les exploitants
vont défendre le film ? C'est là où
on a échoué. Au niveau des entrées,
cela n'a pas abouti aux attentes.
Objectif Cinéma : Comment
analysez vous cet échec?
Régine Vial : Malgré
l'engouement de la presse, il y a toujours une idée
de divertissement dans le cinéma. Hors le sujet était
difficile. C'est toujours difficile quand il s'agit de ce
type de sujet, mais c'est plus facile par exemple pour Francois
Ozon avec Sous le sable parce qu'il y a Charlotte Rampling
et Bruno Crémer. Des gens n'y vont pas parce que
c'est trop abrupt. C'est toujours pareil, beaucoup de premiers
films ne marchent pas : faire naître un auteur, c'est
un travail de longue haleine, cela ne se fait pas en un
film. Il y a une reconnaissance petit à petit, Wong
kar wai n'a pas fait 900 000 entrées avec ses premiers
films. Au nombre d'entrées, on arrive pas à
plus de 20 000 - 30 000 entrées. A Paris, peu de
salles font un vrai travail pour la sauvegarde de ce genre
de films. Les salles dites indépendantes programment
de plus en plus de superproductions tel Hannibal... Ce n'est
pas un cinéma de recherche, cela n'existe plus à
Paris.. En même temps, le film doit rentrer dans le
marché...