Objectif Cinéma : Vous
vous étiez passablement investi dans votre dernier
film, Les Destinées sentimentales. Etes-vous
venu à Tokyo vous ressourcer, y puiser une autre
énergie ? Je crois qu'au niveau de la production,
ce sera un film plus léger.
Olivier Assayas : Plus
léger au sens direct du terme, car je travaille avec
des gens qui sont eux-mêmes plus légers. Mais
au sens financier, le film sera une production importante.
Ce n'est pas un petit film. Je venais d'un film qui était
une adaptation, une histoire du passé, il y avait
cette immersion dans l'époque, le travail de reconstitution
- il y a un côté obsessionnel dans tout cela,
les détails, les lieux et les mentalités -
et cette fois l'envie de faire un film contemporain, qui
traite de dramaturgie contemporaine et aille à la
recherche d'autre chose, s'est imposée toute seule.
Objectif Cinéma : La
musique jouera-t-elle un rôle important dans votre
film ? Elle a souvent contribué à cerner vos
personnages ; par ailleurs, Tokyo, plus encore qu'une ville
de néons, est un espace sonore d'une diversité
peu commentée.
Olivier Assayas :
C'est la première fois depuis longtemps que j'ai
commandé une musique originale pour le film. C'est
une collaboration avec Sonic Youth, présent en amont
depuis le début du projet. Il y a eu un va et vient
d'images et de sons entre nous que je vais tenter de préserver
dans la matière même du film.
Objectif Cinéma : Shinji
Aoyama, qui se trouve sur ce tournage, avait souhaité
jadis la collaboration de Sonic Youth pour l'un de ses films.
Avant de vous laisser, je voulais vous poser cette question.
Du temps de votre passage aux Cahiers, vous écriviez
sur Coppola, Carpenter, Eastwood, en plus du cinéma
chinois. Le cinéma que vous faites est la fois proche,
et éloigné, de ces films, ou plutôt
de ces genres cinématographiques...
Olivier Assayas : J'ai
écrit sur plusieurs genres, j'ai défendu toutes
sortes de films, j'ai fait des films qui étaient
de la famille de ceux que j'ai défendus. Mais cela
a à voir avec les goûts qu'on a personnellement
et les choses qui s'imposent à vous en tant que cinéaste.
Théoriquement, on se dit qu'on aurait envie de faire
telle ou telle chose, à partir d'ou on vient par
exemple. Moi c'est plus ou moins des arts plastiques. Ecrire
sur le cinéma, je dirais que, sans être anecdotique,
cela fit partie de ma formation de cinéaste, voilà.
Je crois être resté fidèle tout de même
a ce côté visuel, art plastique; les cinéastes
qui m'ont souvent intéressé furent ceux dont
les films avaient un vrai graphisme, un aspect plastique
important. Entre 15 et 25 ans, c'était fondamental
pour moi. Et peu a peu, je suis allé vers la vraie
matière qui m'intéresse, l'humain, le travail
avec les acteurs. Privilégier le travail avec les
comédiens est ce qui m'est le plus profond, ce qui
m'a permis d'aller vers l'humain. C'est au travers du cinéma
que j'ai appris cela. J'ai voulu concilier la matière
plastique, la construction des plans, avec ce travail des
comédiens.
Objectif Cinéma :
Vous allez travailler avec des comédiens
Japonais, comment les choses s'ann oncent-elles?
Olivier Assayas : Je
vous dirais cela après le tournage, mais d'emblée
cela s'annonce assez particulier. J'ai une nuance d'appréhension
parce que j'ai l'impression que le naturel, le jeu naturel,
est très très loin chez ces comédiens.
Il faudra faire un gros travail pour le trouver. J'ai peur
que ce soit très délicat, compte tenu du temps
que nous serons ici a Tokyo. Nous prévoyons le mixage
du film des janvier 2002.
Objectif Cinéma :
Vous serez de retour en juin 2002
pour le présenter au festival de Yokohama?
Olivier Assayas : Trop
tôt pour le dire, mais bien entendu, le film sera
montré au Japon !
|
|
2000 Les
Destinées sentimentales
1998
Fin août, début septembre
1997
HHH : A portait of Hou Hsia-Hsien
1996
Irma Vep
1994
L'Eau froide
1993
Une nouvelle vie
1991
Paris s'éveille
1989
L'Enfant de l'hiver
1986
Désordre
1984
Winston Tong en Studio (CM Documentaire)
1982
Laissé inachevé à Tokyo
(CM)
1980
Rectangle, Deux Chansons de Jacno (CM)
1979
Copyright (CM)
|
|