Objectif Cinéma :
Tu fais partie des nouvelles têtes émergentes
dans le cinéma français. Quel a été
ton parcours ?
Yann Goven : Beaucoup
de travail à l'extérieur et bien peu dans la
profession. Pas mal de voyages aussi. C'est toujours un peu
bête de dire çà mais j'ai toujours voulu
faire ça ; mais quand on n'est pas né au bon
endroit et qu'on ne sait pas comment ça se passe, ce
n'est pas évident. J'ai commencé par le théâtre
subventionné avec un très bon metteur en scène
: Etienne Pommeret, qui était au TNS et qui est revenu
sur Paris. J'ai ensuite dérivé sur le théâtre
privé avec des pièces comiques, car contrairement
à ce qu'on pourrait penser j'ai plus une formation
de comique ! J'ai fait des spectacles avec des gens comme
Jean Pierre Castaldi, puis avec Pierre François Martin
Laval, Kad et Olivier. Mais je suis souvent parti près
d'un an, c'était par périodes.
Objectif Cinéma : A
quelles difficultés as-tu été confronté
pour intégrer le milieu ?
Yann Goven : Quand on
n'appartient pas à quelques mouvements intellectuels
que ce soit (car finalement tout tourne autour de ça),
on ne sait pas comment en arriver là. On est juste
spectateur. Donc pour devenir acteur de ce milieu, puis
acteur tout court, on cherche partout. Ca peut être
aller un jour dans une bibliothèque et ouvrir un
livre sur un acteur que l'on aime bien - en l'occurrence
Patrick Dewaere - et regarder leur parcours.
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Pour ma part, je suis allé
chercher un peu partout, et force est de constater que tous
ces gens, même s'ils viennent d'horizons différents,
sont tous passés par une formation classique : cours
de théâtre, Conservatoire. En fait, j'étais
très surpris, car je ne savais pas ce qu'était
un cours de théâtre, je ne pensais pas qu'il
y avait des écoles pour devenir acteur. J'ai essayé.
J'ai fait la liste de tous les cours de Paris, jusqu'à
temps qu'ils me virent les uns après les autres,
car il n'était pas question que je paye pour ça.
On est dans un pays laïc. Je ne voyais pas pourquoi
je paierais. C'est moi qui avait quelque chose à
leur apporter. Mais comme mon nom n'était inscrit
nulle part, il fallait que je vienne m'imposer alors que
je croyais vraiment avoir une place dans ce monde. Mais
non, il faut créer sa place, et ça, on le
découvre longtemps après. Une fois que l'on
commence à bosser en fait. Or, rien n'est jamais
acquis. Alors ce n'est pas une question de chance, j'ai
travaillé comme un fou et j'essaie de creuser mon
sillon. Je sais très bien que comme je n'ai pas d'antécédent,
tout peut disparaître aussitôt. Mais au final,
j'ai tout de même rencontré plein de gens intéressants
et certains se sont dit qu'il y avait peut être des
choses à faire avec moi.