Objectif Cinéma :
Quelles étaient tes attentes
envers Sandrine ? Quels rapports entretenais-tu avec elle
?
Yann Goven : C'était
un rapport de confiance. A partir de ce moment on peut construire
des choses solides. C'est ce rapport qui définit
l'intégrité, l'honnêteté du personnage.
A la fin, on était un petit noyau de quelques personnes
à vraiment se comprendre. Plus ca va, plus on arrive
au cur de quelque chose. Le voyage d'un film, ça
doit être ça.
Objectif Cinéma : N'y
a-t-il pas la nécessité à la fin d'un
film de se purger pour passer à autre chose ? Afin
de se remettre d'un état que l'on a subi en quelque
sorte ?
Yann Goven : Non
je ne le vis pas comme ça. C'est comme dans la vie
de tout les jours. Imagine : tu travailles dans un très
grand restaurant, tu te fais licencier, le lendemain tu
peux te trouver dans un autre restaurant. Le passage de
l'un à l'autre n'aura duré qu'une journée.
Ce sont des décalages à gérer. Tout
le monde pense qu'un tournage est très éprouvant
et qu'on a alors besoin de trois mois de repos uniquement
parce qu'on ne montre que des acteurs qui pètent
les plombs. On parle beaucoup d'eux mais on ne parle pas
des autres. Si tu es cohérent avec toi même,
et que tu n'oublies pas d'où tu viens, il ny a pas
de raison que tu le vives mal. Tout ça est vraiment
dérisoire. Alors quand j'entends des mecs me dire
: " tu sais il est temps de faire le deuil ",
je leur dis : " mais quel deuil ? C'est à vous
en tant que spectateur de faire le deuil, moi j'ai besoin
de vivre le film jusqu'au bout ! " Je sais pas jusqu'où
je vais porter De l'histoire ancienne et Martha, Martha...,on
n'en sait rien. Ca peut durer une heure, une journée...
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Objectif Cinéma : Comment
as tu travaillé avec la petite Lucie Régnier
?
Yann Goven : C'est
la petite fille du scénariste. Elle est géniale.
Il suffit d'être humain, ce sont les autres qui font
mal leur boulot !
Objectif Cinéma :
Tu penses que le métier est
sacralisé ?
Yann Goven : Oh
oui ! Mais alors dans le cinéma c'est sacrément
mal placé. Il faut sacraliser les choses sinon on
ne construirait pas d'églises, on n'aurait rien produit
de grand dans ce monde. On a besoin de se ressourcer, de
rêver ,mais là, c'est une sacralisation "
politiquement correcte ", où l'on rentre dans
un système politique de la culture. Malheureusement
en France, c'est quelque chose de perverti qui débouche
sur des clichés d'acteurs qui se la jouent.