Dans le même ordre d'idée,
dans la partie de l'histoire où Pete Dayton parle
à trois ou quatre reprises de ce qui s'est passé
"cette nuit-là " (quand il s'est transformé
pour la première fois en Fred Madison), le mystère
réside dans le fait que ses parents et ses amis sont
au courant de ce qui s'est passé mais pas le spectateur.
Plutôt que de donner une réponse qui mettrait
tout à plat, Lynch préfère garder le
mystère, d'autant plus que personne ne veut révéler
à Pete Dayton ce qui s'est réellement passé.
Le spectateur se trouve un peu sur le même plan que
le personnage. Pour Lynch, les mots tuent le mystère
et empêchent l'imaginaire de se développer.
Objectif Cinéma : Tu
as gardé un exemplaire du scénario ?
Roland Kermarec : David
m'avait donné un exemplaire dès mon arrivée.
Tous les week-end, il allait travailler sur les scènes
qui allaient être tournées la semaine suivante.
Il y avait souvent quelques modifications dans les dialogues,
des noms de couleur avaient été attribués
aux différentes versions du scénario (il y
a eu la Blue Version, la Red Version, etc.)
Le premier jour de tournage, la séquence
prévue devait être tournée en caméra
subjective (la vision de Fred et Renée quand ils
mettent la cassette dans la télé, ce plan
en hauteur qui avance dans le couloir) avec la steadycam
et un objectif extrêmement large pour embrasser la
largeur du couloir. Se rendant compte qu'il n'avait pas
les objectifs sur place, qu'il restait une heure ou deux
sur le plan de travail, et qu'on ne pouvait rien faire d'autre,
il m'a demandé si je pouvais lui prêter mon
camescope pour voir si ça pouvait marcher ! Je me
suis retrouvé en train d'expliquer le fonctionnement
de mon camescope au directeur photo ! Et comme c'était
prévisible, l'objectif de mon camescope n'était
pas non plus assez large. Cette anecdote est assez représentative
de l'ambiance qui régnait sur le plateau puisqu'il
n'y a pas eu la moindre panique à cause de ce problème...
Tout en ne cédant pas à l'improvisation, Lynch
restait quand même attentif à tous les événements
extérieurs qui pouvaient transformer la scène
d'une manière ou d'une autre, et jamais il ne se
laissait gagner par l'impatience ou la colère. C'était
sans doute pour tout le monde une sorte d'idéal de
ce que peut être un tournage.
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Expérience cinématographique
2000
Réalisation de Confiteor, court
métrage de 15' en Super 8
1996
Assistant de David Lynch durant le tournage de
Lost Highway
1993
Réalisation de Love Letter, court
métrage de 3' en Hi8
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Ecrits
1995
The Elephant Man de David Lynch : Le
Regard est le Miroir de l'Ame
1994 David Lynch au-delà
des apparences
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