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MICHEL CADE
Confrontation :
Cinéma / Histoire / Cinéma
Entretien réalisé
à Toulouse le 04 avril 2001
Par Cyril JOHANNEAU


Entretien avec Michel Cadé, directeur du festival Confrontation de Perpignan, dans le cadre de la trente-septième édition, consacrée au Japon.

Soyons clair, il n'est pas question d'un débat larvé sur le vrai / le faux, le véridique / le romanesque, mais bien d'une réflexion à long terme sur des mouvements. "



Objectif Cinéma : Comment fut créé Confrontation ? A l'instigation de qui ? Dans quelle(s) perspective(s) ?

Michel Cadé : Le Festival de Cinéma de Perpignan est créé en 1965 par Marcel Oms et Raymond Borde, alors directeur de la Cinémathèque de Toulouse. L'idée est de faire un festival anti-parisien et politiquement très ancré à gauche, c'est-à-dire proche de Positif. Il s'agit de s'inscrire en faux contre la Nouvelle Vague et l'esprit Cahiers du Cinéma, avec des cinéastes tels que Robert Enrico, Jacques Rouffio et Alain Cavalier, qui proposent un cinéma assez éloigné des conditions de la Nouvelle Vague. Donc, l'un dans l'autre, Positif et l'organisation en province font d'emblée de Confrontation un festival qui se positionne contre l'adulation d'un système. Bien entendu, tout cela est maintenant complètement obsolète.

La première édition s'ouvre le 13 avril 1965, autour du thème Le Cinéma Français existe-t-il ? Dès lors que le festival a bel et bien eu lieu, se pose la question de sa pérennité. Mais, on ne pérennise pas dans la polémique. Doù l'adoption d'une ligne, d'un angle qui puisse donner chair, force et crédibilité à la manifestation pour le restant de ses jours. C'est à ce moment-là et dans ces conditions que sont posées les bases dun débat permanent sur l'Histoire à travers le Cinéma. Confrontation devient ainsi le Festival Européen de Critique Historique du Film. Soyons clair, il n'est pas question d'un débat larvé sur le vrai / le faux, le véridique / le romanesque, mais bien d'une réflexion à long terme sur des mouvements. Comment le Cinéma s'inclut dans l'Histoire ? Comment inclut-il l'Histoire ? Qu'est-ce qu'un film historique traduit de l'Histoire contemporaine ? Quels discours porte-t-il ? Comment s'inscrit-il à son tour dans la réflexion historique ? Sont autant d'exemples de questions auxquelles chaque édition, année après année, tente d'apporter des éléments de réponse. Pour autant, le festival n'est pas le lieu d'une réflexion théorique forte : nous y privilégions le spectacle ludique. Toutes ces questions sont retravaillées a posteriori dans la revue Les Cahiers de la Cinémathèque. Avec le recul et au vu de la cinquantaine de films programmés pendant la semaine que dure Confrontation, nous repérons des récurrences, des ruptures. Dès lors des questions pointent, et la réflexion s'engage. Et plus on élargit le corpus, plus les intuitions se vérifient.