Objectif Cinéma :
Comment fut créé Confrontation ?
A l'instigation de qui ? Dans quelle(s) perspective(s) ?
Michel Cadé : Le
Festival de Cinéma de Perpignan est créé
en 1965 par Marcel Oms et Raymond Borde, alors directeur
de la Cinémathèque de Toulouse. L'idée
est de faire un festival anti-parisien et politiquement
très ancré à gauche, c'est-à-dire
proche de Positif. Il s'agit de s'inscrire en faux contre
la Nouvelle Vague et l'esprit Cahiers du Cinéma,
avec des cinéastes tels que Robert Enrico, Jacques
Rouffio et Alain Cavalier, qui proposent un cinéma
assez éloigné des conditions de la Nouvelle
Vague. Donc, l'un dans l'autre, Positif et l'organisation
en province font d'emblée de Confrontation un festival
qui se positionne contre l'adulation d'un système.
Bien entendu, tout cela est maintenant complètement
obsolète.
La première édition s'ouvre le 13 avril 1965,
autour du thème Le Cinéma Français
existe-t-il ? Dès lors que le festival a bel
et bien eu lieu, se pose la question de sa pérennité.
Mais, on ne pérennise pas dans la polémique.
Doù l'adoption d'une ligne, d'un angle qui puisse
donner chair, force et crédibilité à
la manifestation pour le restant de ses jours. C'est à
ce moment-là et dans ces conditions que sont posées
les bases dun débat permanent sur l'Histoire à
travers le Cinéma. Confrontation devient ainsi le
Festival Européen de Critique Historique du Film.
Soyons clair, il n'est pas question d'un débat larvé
sur le vrai / le faux, le véridique / le romanesque,
mais bien d'une réflexion à long terme sur
des mouvements. Comment le Cinéma s'inclut dans l'Histoire ?
Comment inclut-il l'Histoire ? Qu'est-ce qu'un film
historique traduit de l'Histoire contemporaine ? Quels
discours porte-t-il ? Comment s'inscrit-il à
son tour dans la réflexion historique ? Sont
autant d'exemples de questions auxquelles chaque édition,
année après année, tente d'apporter
des éléments de réponse. Pour autant,
le festival n'est pas le lieu d'une réflexion théorique
forte : nous y privilégions le spectacle ludique.
Toutes ces questions sont retravaillées a posteriori
dans la revue Les Cahiers de la Cinémathèque.
Avec le recul et au vu de la cinquantaine de films programmés
pendant la semaine que dure Confrontation, nous repérons
des récurrences, des ruptures. Dès lors des
questions pointent, et la réflexion s'engage. Et
plus on élargit le corpus, plus les intuitions se
vérifient.