Objectif Cinéma : Miyazaki
a créé une fondation de défense de
la nature " Le Fonds Pour La Forêt de Totoro "
, en êtes-vous proche ? Et, de plus, en oeuvrant
pour la jeunesse comme vous le faites, cela s'inscrit-il
dans un projet pédagogique de responsabilisation
vis-à-vis de la défense de la nature ?
Isao Takahata : Oui,
dans mon oeuvre je traite avant tout du lien entre l'homme
et la nature. En ce sens, je participe évidemment
au Fonds.
En ce qui concerne le travail à
destination de la jeunesse, il est vrai que le problème
est d'envergure car, en définitive, peu de choses
sont faites en direction des enfants. L'âge moyen
ciblé des productions s'est considérablement
élevé ces dernières années.
Et vu l'impact de la télévision, des jeux
vidéos et des produits de type Pokemon, je crois
fermement qu'il faut pousser les enfants vers l'extérieur.
Les amener à reconsidérer leur place dans
un environnement, au contact de la nature, des êtres,
des bruits qui la peuplent. Inscrire leur corps autant que
leur imaginaire dans le monde par un lien évident
et indéfectible. C'est un problème capital
dans mon travail : quel(s) film(s) pour ce public-là ?
Je suis en questionnement permanent.
Objectif Cinéma : Est-ce
ce qui explique un retour au burlesque, comme vous le pratiquiez
à l'époque de Pompoko et qui avait disparu
dans Le Tombeau des Lucioles, dans votre dernier
film Mes Voisins les Yamada ?
Isao Takahata : En
fait, je ne fais pas de distinction entre mes films. Même
si sur la forme cela peut sembler burlesque, le fond est
finalement très sérieux. De manière
plus globale, je serais bien en peine de vous répondre
et d'autant plus de façon brève. Cela supposerait
un travail de réflexion sur l'esthétique que
je n'ai pas encore mené. Comme je vous le disais,
j'ai une approche intuitive.
Disons qu'au prisme de mon expérience, l'animation
offre un potentiel de possibilités, de résultats
et de solutions quasi illimité. Je jouis, et ce depuis
toujours, d'une liberté immense. Par exemple, je
n'ai jamais reçu de directives pour des considérations
commerciales.
Objectif Cinéma : Depuis
le début des années 80, et la fin des séries
télévisées, vous avez effectué
un retour au pays. Est-ce dans une perspective anti-Disney,
et est-ce irréversible ?
Isao Takahata : Non,
le choix du Japon comme cadre de mes dernières oeuvres
n'est pas un créneau anti-Disney. Seulement, sur
les séries, nous travaillions sur des cadres étrangers
qui exigeaient de nous un travail de recherche et de documentation
énorme pour reconstituer fidèlement les pays
évoqués. Cela correspondait à une démarche
particulière, celle de l'adaptation d'une oeuvre
supposant l'acclimatation à un environnement préexistant.
Lorsque j'ai entrepris une oeuvre
plus personnelle, je me suis orienté tout naturellement
vers le Japon, c'était et c'est plus pertinent pour
moi. C'est mon pays, mon histoire, ma culture. Et, en effet,
ce n'est peut-être pas une réponse, mais quand
le matériau est familier, les sources sont diverses
et l'exploration plus minutieuse. Donc, je ne sais pas ce
que dira l'avenir, mais pour le moment ma curiosité
est pleine de ça et je ne me vois pas quitter ce
cadre absolument évident pour moi.
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1999 Mes
voisins les Yamada
1994
Pompoko
1991
Les Souvenirs ne s'oublient jamais
1988
Le Tombeau des lucioles
1981
Goshu le violoncelliste
1973
Panda Kopanda, le cirque sous la pluie
1972
Panda kopanda
1968
Les Aventures de Hols, prince du soleil
1968
Le Prince du soleil : les grandes aventures
d'Horus
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