Sandrine Veysset, née en 1967 à Avignon. Aprés des Etudes en Lettres modernes et en Arts plastiques elle participe à la fabrication des décors du film Les Amants du Pont-Neuf de Leos Carax. En 1991, tout en travaillant sur différents films, elle commence à écrire le scénario de Y aura-t-il de la neige à Noël ? qu'elle réalise en 1995 / 1996 et qui connu un franc succès. Fustigé par la critique, son second et mésestimé Victor pendant qu'il est trop tard, ne resta qu'une semaine à l'affiche, ne laissant pas au film le temps de faire son chemin. Fringante, Sandrine Veysset revient aujourd'hui avec Martha...Martha, oeuvre sombre et parfaitement maîtrisée, évitant l'écueil du film psychologisant.

Objectif Cinéma : Martha…Martha, tranche avec vos précédentes réalisations, c'est un film très sensitif, pas si éloigné de Trouble Every Day. L'avez vous abordé différemment ?

Sandrine Veysset : Je pense que ce côté sensitif était déjà présent dans Y aura-t-il de la neige à Noël ? et dans Victor pendant qu'il est trop tard, par le biais d'une narration assez brutale. La différence avec Martha… Martha se situe sans doute dans la tension permanente qui règne tout au long du film. Le spectateur ne sait jamais où va aller l'histoire, à l'image du personnage de Martha, dont on ne sait jamais si elle va déraper, agir avec violence.

Objectif Cinéma : C'est un film itinérant à l'image de ses protagonistes, la relation avec l'eau est très prégnante…

Sandrine Veysset : C'est un thème essentiel dans le scénario. Tout vient de là, le secret de famille se trouve dans l'eau, Martha est un personnage noyé au sens propre comme au figuré, toujours dans l'entre-deux. On a vraiment décliné cette thématique sous toutes ses formes. Le concept de l'écriture du scénario était d'accompagner cette dérive, de sorte que transparaisse un malaise, afin que le spectateur ne soit pas passif. Ce n'est pas un film où toutes les informations lui sont livrées, on ne connaît pas trop le passé réel des personnages, on ne sait pas si Martha ment où si elle a vraiment vécu quelque chose. C'est un personnage très trouble. Se pose alors la question de savoir si elle a fantasmé toute cette histoire. En écrivant le scénario, nous voulions que les évènements deviennent de plus en plus troubles.