Objectif Cinéma : N'était-il
pas pourtant confortable de savoir que le tournage chez
Garrel était le lieu de l'exacerbation ? De
la catharsis ?
Mehdi Belhaj Kacem : Ce
n'est pas confortable, mais ça vous donne la foi.
J'ai essayé de donner la foi à Julia mais
ce n'était pas facile.
Julia Faure : Au
fait, tu sais pourquoi je te rappelle Jean Seberg ?
C'est parce qu'il lui a coupé la parole dans Les
hautes solitudes
Mehdi Belhaj Kacem : C'est
vrai qu'à un moment, c'était pour moi un idéal
que de te couper la parole.
Julia Faure : C'est
étrange que tu aies réussi à entretenir
des relations humaines pendant le tournage, tu étais
vraiment avec Philippe et Caroline.
Mehdi Belhaj Kacem : Oui
mais dans la non relation
Objectif Cinéma : Il
n'est peut être pas impossible que le fait que Mehdi
joue un vivant (Philippe) et toi une morte (Nico) influe
sur les rapports particuliers entretenus pendant le tournage ?
Mehdi Belhaj Kacem : Dans
le film, je n'ai pas eu de plaisir à jouer avec Julia.
Il y avait une intensité, mais pendant ce film, je
n'ai jamais eu de plaisir à jour, alors que récemment
on a fait une petite séance photo, comme s'il s'agissait
d'un petit court métrage, et là j'ai ressenti
un réel plaisir, une vraie complicité.
Julia Faure : Je
me souviens d'un plan dans le film, où Philippe m'avait
photographié comme la bombe d'Hiroshima dans l'ombre,
quelque chose de très expressionniste, de très
beau, mais à la fois de très mortifère,
de figé.
Mehdi Belhaj Kacem : C'est
drôle, j'avais parlé de Hiroshima dans un livre
(1), de l'ombre, c'est cette image même qu'elle évoque.
Objectif Cinéma : N'y
a-t-il pas un impact par rapport à la fragmentation ?
Mehdi Belhaj Kacem : Non
je ne pense pas. Je suis sûr et certain que l'on peut
faire un film fort, là il y avait vraiment une vitre
plexiglas
entre nous.
Julia Faure : En
même temps, je ne regrette pas ça pour le film :
au contraire, on sent qu'il aime une abstraction, c'est
une nouvelle possibilité pour lui.
Mehdi Belhaj Kacem : Dans
la vie, c'est vraiment l'humain qui m'intéresse.
(1) "
Le point de chute de la bombe d'Hiroshima était
défini comme le point zéro autour duquel se
dessinait un cercle de 1500 mètres de rayon, la circonférence
approximative d'une force aveugle où tout se diffractait :
les corps n'y étaient plus que ce limon qui enduisait
les toits tenant encore au-delà de ce cercle, ou
alors ce précipité mal défini qui colorait
la terre ou s'imprimait dans d'autres tessitures ; en feuilletant
un numéro de Paris Match datant de 1965 je vis une
photo (devenue paraît-il célèbre) où
on voyait l'ombre d'un corps désintégré
qui s'était imprimé sur le mur - le corps
diffracté s'éternisait en quelque sorte, mais
en tant qu'ombre ; on dit que vous ne pouvez pas vous débarrasser
de votre ombre, mais Hiroshima nous aura prouvé que
votre ombre peut se débarrasser de vous. "
L'Antéforme, Tristram, 1997.
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Mehdi Belhaj Kacem
2001
L'Essence N de l'amour, essai Ed Tristram,
Fayard
2000
Society, essai éditions Tristram
2000
Evidenz, (Revue littéraire): Tristram
2000
Esthétique du chaos, essai Tristam
1997
L'Antéforme, roman Tristram
1996
Vies et Morts d'Irène Lepic, roman
Tristram
1994
1993, roman Tristram
1994
Cancer, romant Tristram
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Julie Faure - Films
2001
Sauvage Innocence de Philippe Garrel
2000
Portraits de femmes de Aurélia Georges
(CM)
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Julie Faure - Théâtre
1999
La Banalité de l'ordinaire - Création
et mise en scène de D. Eliet
1999
Les Cloches de Bâle de Louis Aragon.
Mise en scène de J. Lassale
1999
Mes pensées vers toi s'en vont
de Stuart Seide
1998
Les Géants de la montagne de L. Pirandello.
Mise en scène Klaus Michale Gruber avec
Michel Picolli
1996/1999
Conservatoire national supérieur d'Art
Dramatique Classe de cinéma dirigée
par Philippe Garrel
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Philippe Garel - Films
2001
Sauvage Innocence
1998
Le Vent de la nuit
1995
Le Coeur fantôme
1993
La Naissance de l'amour
1990
J'entends plus la guitard
1988
Les Baisers de secours
1984
Elle a passé tant d'heures sous les
sunlights
1984
Rue fontaine
1983
Liberté, La nuit
1979
L'Enfant secret
1978
Le Bleu des origines
1976
Voyage au jardin des morts
1975
Le Berceau de cristal
1975
Un ange passe
1974
Les Hautes Solitudes
1972
Athanor
1970
La Cicatrice intérieure
1969
Le Lit de la vierge
1968 Actua
I
1968
La Concentration
1968
Le Révélateur
1967
Marie pour mémoire
1966
Anémone
1965
Droit de visite
1964
Les Enfants désaccordés
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