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  17, rue Bleue (c) D.R.
Objectif Cinéma : Le petit garçon refuse toujours d'être entraîné par sa mère. On voit que le transfert d'identité ne se fait pas. D'ailleurs, quand ils vont chercher sa grand-mère à l'aéroport, son frère lui dit " On dirait une Cheyenne "…

Chad Chenouga : Ce que sa mère lui transmet, est mal transmis. Elle ne lui a pas appris l'arabe, elle ne lui a pas dit qui était son père… Il y a des non-dits qui rendent les bases pas très solides. Elle a créé un faux père avec lui, par le biais du testament… Et surtout elle croit à des choses qui ne sont pas tangibles. Comment peut-elle croire qu'elle va gagner le procès avec ce faux testament ? Il y a en outre cette superstition du grain de beauté dans la main…


Objectif Cinéma : Elle se détache de l'Algérie de par certains côtés : elle a l'air très européenne, elle porte une perruque, mais elle est toujours enfermée dans ses croyances… Considérez-vous que votre film parle aussi de l'Algérie ?

Chad Chenouga : ARTE m'a dit que c'était l'un des rares films actuels qui parlait réellement des relations entre la France et l'Algérie, ça m'a plu. Il s'agit apparemment d'une famille très française, et les relations ambiguës et non apaisées entre la France et l'Algérie passent à travers les scènes très spectaculaires entre la mère et la fille. Tout cela est en toile de fond, je n'ai aucun message à transmettre de ce point de vue. Un journaliste du Monde (Jacques Mandelbaum) en parlait très bien, en replaçant le film dans son contexte historique. Il parlait des relations désastreuses entre la France et l'Algérie. Moi, je ne raconte pas la Grande Histoire, il s'agit de la toile de fond. Ma mère est partie avant la fin de la guerre d'Algérie en 1960, elle devait accompagner des blessés en France, et elle est restée sur le sol français. Elle est devenue une vraie petite française, et toutes les choses qui n'étaient pas réglées avec sa culture ont ressurgi de manière assez violente, lorsque l'équilibre acquis a vacillé.


Chad Chenouga (c) Thibault Degenne

Objectif Cinéma : Comment vous situez-vous par rapport au film de Yamina Benguigui Inch'Allah Dimanche ?

Chad Chenouga : Il faudrait qu'elle fasse de la sociologie ! Mémoire d'immigrés (1998) était superbe, mais son dernier film, ce n'est pas du cinéma. J'ai vu beaucoup de films sur l'immigration. Vivre Au Paradis (de Bourlem Guerdjou 1998), c'était pas mal, Le Gône du Chaaba (de Christophe Ruggia 1997 tiré du roman éponyme d'Azouz Begag) aussi, c'est sincère, généreux. Les gens n'osent pas casser Yamina Benguigui, sous couvert de ce qu'elle a fait pour la télé. Elle travaille pour France 3 et fait des choses intéressantes... Mais dans ce film, tout est appuyé : ce sont des bons sentiments.


Objectif Cinéma : A propos du fantastique, il me semble que le cinéma est le lieu de l'expérimentation, dans le plan, dans le montage, comme le fait Jean-Claude Brisseau par exemple. Pour vous, le fantastique est une vraie question de cinéma.

Chad Chenouga : Les images qu'on a envie de transmettre acquièrent une force grâce au cinéma. C'est ce qui m'intéresse le plus.


Objectif Cinéma : Y-a-t-il des cinéastes qui vous inspirent, qui vous hantent ?

Chad Chenouga : J'aime beaucoup Fellini, en particulier ses premiers films, La Dolce Vita, La Strada, ce style poétique, mélancolique. J'aime Bertrand Blier, j'ai d'ailleurs tourné avec lui. C'est un véritable auteur, même si ce n'est pas toujours de bon goût de l'aimer. J'aime les premiers films de Ken Loach, Kes. J'ai vu beaucoup de films sur l'enfance pour préparer 17, Rue Bleue : Salaam Bombay de Mira Nair, L'incompris et Pinocchio de Luigi Comencini. Les films de Hou Hsiao Hsien Un temps pour vivre, un temps pour mourir.