Objectif Cinéma : Quelles
sont aujourd'hui les missions de la Commission de Classification
des uvres Cinématographiques ?
Francis Delon : La
commission est là pour donner un avis au ministre de
la culture sur les visas que celui-ci délivre pour
chaque uvre cinématographique destinée
à être exploitée en salles, quelque soit
sa nationalité et son métrage. Elle propose
une classification des films destinée à protéger
les jeunes spectateurs. Des institutions analogues existent
par ailleurs dans tous les pays occidentaux.
Objectif Cinéma : Comment
fonctionne-t-elle au quotidien ?
Francis Delon : Tous
les films sont visionnés en intégralité
et en salle par une sous-commission qui établit un
rapport écrit. Au vu de ce rapport, le président
de cette commission décide si le film peut être
autorisé pour tous publics ou s'il doit être
soumis à la Commission siégeant en formation
plénière, seule habilitée à proposer
une mesure de restriction. La Commission plénière
se réunit quant à elle deux fois par semaine.
Elle compte 25 membres nommés par le ministre de la
culture : 5 représentent les ministères de la
Justice, de l'intérieur, de l'éducation nationale,
des affaires sociales et de la jeunesse et des sports, 8 les
professionnels du cinéma (production, réalisation,
distribution, exploitation, critique), 4 les "jeunes"
(ils doivent avoir entre 18 et 25 ans), 8 les experts (5 dans
le domaine de la protection de la jeunesse; il s'agit de juges
pour enfants, d'éducateurs, de psychologues
);
1 pour le CSA; 1 pour l'UNAF; 1 pour l'association des maires
de France). Le président, qui doit être un membre
du Conseil d'état, et le président suppléant
sont nommés par le Premier ministre.
Objectif Cinéma : Quels
sont les différents niveaux de classification ?
Francis Delon : Les
classifications possibles sont : tous publics; 12 ans; 16
ans; 18 ans; 18 ans avec "ixage" (loi du 30 décembre
1975 qui vise essentiellement les films pornographiques).
La commission conserve la possibilité de proposer l'interdiction
totale d'un film. En pratique elle n'a pas fait usage de ce
droit depuis de très longues années. En outre,
la Commission ne peut pas imposer de coupes dans une uvre
cinématographique. Elle peut simplement proposer que
la diffusion d'une uvre soit assortie d'un avertissement,
affiché en salle, destiné à informer
le public.
Objectif Cinéma : Quels
sont les principaux critères d'appréciation
?
Francis Delon : Aucun
critère n'est fixé par la loi, sauf pour l'interdiction
aux mineurs qui, selon l'article 227-24 du code pénal,
est requise pour les images à caractère violent,
pornographique ou de nature à porter gravement atteinte
à la dignité humaine. En pratique, la Commission
est attentive à la violence, à la représentation
de la drogue, du suicide, de la sexualité et d'une
manière générale à ce qui pourrait
créer un traumatisme chez de jeunes spectateurs ou
les inciter à des comportements délictueux ou
nocifs pour eux-mêmes.