Objectif Cinéma : Combien
de films obtiennent chaque année un visa tous publics
et combien obtiennent un visa spécial ?
Francis Delon : La
Commission donne un avis sur la classification de près
de 1000 films par an. S'agissant des longs métrages,
en moyenne plus de 80 % des films obtiennent un visa "tous
publics", 10 à 15 % un visa avec interdiction
aux moins de 12 ans, 3 à 5 % une interdiction aux
moins de 16 ans.
Objectif Cinéma : Les
avis de la Commission sont-ils susceptibles d'appel ?
Francis Delon : Oui,
bien sur, la Commission est simplement là pour donner
un avis. La décision finale appartient au ministre
de la culture, même si elle reste susceptible de recours
pour excès de pouvoir devant le Conseil d'Etat.
Objectif Cinéma : Une
interdiction aux moins de 18 ans, comme cela a récemment
été le cas pour le film Baise-moi,
ne revient-elle pas dans les faits à tuer la carrière
commerciale d'un film étant donné l'absence
de salles appropriées ?
Francis Delon : Le
film Baise moi a fait l'objet, à la suite
de la décision du Conseil d'Etat, et de la modification
de la réglementation, d'une classification d'interdiction
aux moins de 18 ans, qui autorise l'exploitation dans toutes
les salles commerciales. Le film peut donc être vu
par tous les spectateurs majeurs qui le souhaitent.
Objectif Cinéma : Pensez-vous
que la crainte d'une telle sanction puisse amener auteurs
et producteurs à s'autocensurer en amont, c'est-à-dire
conduire à une limitation du processus créatif
?
Francis Delon : Il
n'y a pas eu de sanction. La classification telle qu'elle
est pratiquée depuis de nombreuses années
n'est pas une entrave à la création. La vitalité
et la créativité du cinéma français
sont là pour le démontrer. De plus, il est
notoire que la classification pratiquée en France
est l'une des plus libérales d'Europe. Par exemple,
seulement 15 % des films sont autorisés pour tous
publics au Royaume-Uni.