Objectif Cinéma : Vous
avez fait du théâtre de rue ?
Philippe Peythieu : Oui,
j'en ai fait, de la fanfare aussi, et puis du théâtre
d'intervention ponctuelle. Il y a eu la grève d'élite
après 68, ces mouvements sociaux emblématiques,
comme l'occupation du Larzac Avec des copains, on s'est retrouvés
à former des spectacles dans l'urgence, des créations
collectives, et on a tourné dans toute la France.
Objectif Cinéma : La
Comedia dell'Arte ?
Philippe Peythieu : Oui,
des choses comme ça, mais aussi les cabarets de Brecht,
des sketches un peu politiques J'ai découvert le théâtre
grâce à cela. Puis les années 80 furent
différentes, à l'image d'un soufflé qui
retombe un peu. J'ai été prof, 19 heures par
semaine, et je faisais de la formation professionnelle pour
avoir encore moins d'heures.
Objectif Cinéma : Prof
de théâtre ?
Philippe Peythieu : Non,
prof de dessin technique, parce que j'ai une formation scientifique.
Jusqu'à 26 ans j'ai fait des études dans le
bâtiment, puis je me suis retrouvé au chômage.
J'ai dû alors retravailler, avant de reprendre mes études
avec une maîtrise au début des années
80 pour revenir dans le théâtre, à l'université
de Paris 8. J'étais alors à moitié prof,
à moitié théâtreux, et j'ai ressenti
le besoin de faire un choix. Naturellement, je suis revenu
dans le milieu du théâtre, et j'ai eu la chance
de travailler très vite, d'avoir une compagnie à
moi, subventionnée, et je suis vraiment devenu comédien
professionnel durant ces années 80. Je me suis rapproché
du métier en lui-même, des textes notamment.
J'ai fait du théâtre dans l'esprit de décentralisation,
du théâtre public. J'ai vécu trois ans
à Châlons-sur-Saône, à Grenoble
aussi. À l'époque je n'étais pas chargé
de famille, cela me permettait donc de travailler en Province.
Objectif Cinéma : Et
les années 90 ?
Philippe Peythieu : Eh
bien je suis revenu sur Paris, pour fonder une famille et
m'intégrer dans le réseau professionnel, puisque
beaucoup de choses se trament ici, il faut l'avouer. Maintenant
je travaille principalement sur la capitale.
Objectif Cinéma : Et
le doublage, c'est arrivé à cette période-là
? Quel a été votre premier doublage?
Philippe Peythieu : J'ai
commencé à en faire en 1984. Cela devait être
un Woody Allen, ou The Hit de Stephen Frears, avec
Terence Stamp. Je faisais des ambiances, des petits trucs.
C'était une journée d'ambiance dans les studios
de Boulogne : il s'agissait de faire du brouhaha, des
petits phrases
On a besoin par exemple d'une ambiance
" couloir ", qu'on entende parler derrière
les dialogues
Je me souviens qu'on allait manger au
restaurant à côté des studios, avec
le type qui faisait la voix de John Wayne, Raymond Loyer.
J'étais vachement intimidé de manger avec
" John Wayne " ! Je les ai tous
connus après, qu'ils aient la voix de Steve Mac Queen,
Eliot Ness, des voix qui ont bercé mon enfance !
Ils sont devenus des amis, mais c'était fascinant.