Objectif Cinéma : Parce
que si le comédien de doublage lit le scénario
avant le doublage, il risque d'en rajouter ?
Philippe Peythieu : Il
faut se lancer. C'est une technique très particulière,
qui demande souvent une certaine dextérité,
une virtuosité.
Objectif Cinéma : C'est
de l'adaptation immédiate.
Philippe Peythieu : Oui,
et il faut aussi beaucoup d'humilité parce qu'il
ne faut pas plaquer sa propre interprétation sur
l'image : on est au service de l'image, c'est comme une
traduction littéraire, avec ses défauts et
ses qualités. Un bon doublage et une bonne VF, c'est
quand on ne s'aperçoit pas que c'est lu, quand on
arrive à donner cette magie et qu'on oublie que le
film est danois, suédois, anglais, italien. Pour
un comédien, c'est un bon entraînement. D'abord
c'est une activité qui se rémunère,
c'est même un marché relativement important,
il y a des comédiens qui font ça souvent.
C'est comme faire ses gammes pour un musicien. Après
on a plus ou moins la chance de travailler sur des bons
produits : on fait soit de la télé, soit du
cinéma, ce n'est pas le même confort parce
que les budgets ne sont pas les mêmes. Pour la télé,
on va encore plus vite, on demande aux comédiens
encore plus de virtuosité, c'est encore plus difficile,
on a moins de temps. Alors qu'en cinéma, on fait
un vrai travail en profondeur. C'est véritablement
comme de la musique, on peut travailler sur une intonation
pendant trois quarts d'heure, une heure, parce qu'il faut
retrouver la musique exacte.
Objectif Cinéma :
Il y a cette traque aux labiales,
aux mouvements des lèvres qui déterminent
le synchronisme tel qu'il est. Tous ceux qui uvrent
sur le doublage d'un film, détecteur, traducteur,
comédien et technicien, sont confrontés à
ces fameuses labiales. Du coup, le travail en devient jubilatoire ?
Philippe Peythieu : C'est
la contrainte de la synchro, mais ce qui est formidable
quand on a du métier, c'est qu'on arrive à
y trouver une liberté, quitte à changer le
texte pour se le réapproprier, mais pour mieux respecter
l'esprit du film.
Objectif Cinéma : Sur
combien de films as-tu travaillé ?
Philippe Peythieu : Beaucoup !
Il y a aussi le secteur de la pub. Cela prouve que pour
un comédien, il vaut mieux avoir un éventail
le plus large possible. On fait ainsi des choses très
différentes à chaque fois. Et tout cela ne
m'empêche pas de faire du théâtre, comme
quoi, se diversifier ne signifie pas renier ses racines !
Au contraire, le doublage en est un beau prolongement
.