GILLES
CIMENT Producteur et Editeur
chez Paradis Films
Propos
recueillis
à Paris, en novembre 2001
Par Nicolas CHEMIN et Gilles LYON-CAEN
Depuis 1999, Gilles Ciment est directeur
du développement chez Paradis Films. Ce producteur et
distributeur talentueux, passionné de BD, a multiplié
les expériences en faisant toujours preuve d'éclectisme
: après une première carrière de bibliothécaire
spécialisé en cinéma (créateur de
la Bibliothèque du Cinéma André Malraux,
chef de projet au département de l'audiovisuel de la
Bibliothèque de France), il a été en charge
du développement des publics à la Vidéothèque
de Paris - Forum des Images, puis directeur de la communication
pour le groupe MK2 dont il a ensuite été directeur
artistique de 1998 à 1999. Ancien collaborateur de Positif
et CinémAction, notamment, membre de nombreux jurys et
sélections, Gilles Ciment a parallèlement enseigné
le cinéma et la bande dessinée à La Sorbonne.
Nous l'avons rencontré pour évoquer
son actualité, ses démarches et ses désirs
dans son travail de producteur, distributeur et éditeur.
Et tout particulièrement son apport amical et professionnel
avec Wong Kar-wai (In the Mood for Love et son prochain film,
2046), et Hou Hsiao-hsien pour Millennium Mambo.
Objectif Cinéma
: A quand remonte votre entente
de producteur à cinéaste avec Hou Hsiao-hsien
?
Gilles Ciment:
En fait, c'est Eric Heumann qui a signé avec lui il y
a trois ans, en même temps qu'avec Wong Kar-wai, d'ailleurs
(c'est principalement en raison de ce programme annoncé
que j'ai voulu rejoindre Paradis Films, la société
d'Eric Heumann, en tant que producteur exécutif et éditeur
de DVD) Hou Hsiao-hsien est ensuite tombé un petit
peu en panne. Au départ, il voulait faire deux films
de trois heures, ou trois films de deux heures (à Cannes,
il parlait encore de poursuivre l'expérience Millennium
Mambo sur dix films !). Mais nous nous sommes mis d'accord pour
commencer déjà par un... Après ça,
il voulait Maggie Cheung et Tony Leung, mais ils étaient
accaparés par un autre film, In the Mood for Love, dont
le tournage n'en finissait plus ! Après les avoir attendu
longtemps, il a dû renoncer à eux et à une
partie de son histoire.
Objectif Cinéma
: Quel était votre rôle
exact sur la production de Millennium Mambo ?
Gilles Ciment:
En fait, Paradis Film a financé le projet. À
ce titre, nous étions producteurs. La production exécutive
s'est partagée entre Taiwan et Paris. Dans ce cadre,
il est très difficile de définir un rôle
exact. D'un film à l'autre, les rôles des producteurs
changent, en particulier lors de coproductions... Ici, auprès
d'Eric Heumann, j'ai tenu un rôle d'écoute du
réalisateur durant sa préparation, ses choix
de narration, etc. En l'occurrence, HHH tâtonnait et
ne savait pas, au départ, ce qu'il allait faire. Il
cherchait une nouvelle manière cinématographique
pour approcher une nouvelle génération, en grande
partie prise " sur le vif ". De ce fait, la phase
d'écriture n'en était pas une ! C'était
plus une phase de recherche documentaire : il a rencontré
de nombreux jeunes de Taipei, sortant avec eux dans les boîtes
Il les a ensuite logés : c'est amusant de voir, dans
un budget de film, une ligne Loyer ! Dans des petits appartements
de quartiers modestes, les jeunes prêtaient leur vie
à l'il du cinéaste, qui leur a demandé
d'écrire chaque semaine ce qu'ils avaient fait et comment
ça c'était passé. Il les avait regroupés
pour que naissent des choses entre eux, pour s'en inspirer
lors de l'écriture.
Objectif Cinéma
: Y a-t-il eu des jeunes évincés
du " Loft " d'Hou Hsiao-hsien ?
Gilles Ciment
: Un " Loft " moins voyeur et plus artistique,
n'est-ce pas ? Mais pour répondre à votre
question, chacun a joué son rôle jusqu'au bout,
et HHH a filmé énormément. C'est au
montage que certains ont été écartés
parce que leurs personnages ne prenaient pas corps à
l'écran. Ils sont du reste tous crédités
au générique, et on retrouve leurs rôles
sur le site officiel taiwanais du film. C'est une expérience
qui s'est étalée sur plusieurs mois...