Objectif Cinéma :Avec un budget aussi limité,
comment organisez vous toutes les activités parallèles
au festivals ? (ateliers maquillage, maquette avec Ray
Harryhausen cette année, initiation aux métiers
du cinéma…) ?
Patricia Lasou : On
travaille beaucoup, et on a plein d’idées ! Nous
sommes trois femmes avec des idées, aidées de
notre " d’Artagnan ", Jean Marc Delcambre
(assistant des déléguées générales
du festival, ndlr). Le festival se prépare de septembre
à avril, avec à partir de décembre à
janvier un tunnel, lorsque, après avoir bossé
10 heures au bureau, vous rentrez chez vous avec encore deux
ou trois films, et des courts-métrages à voir…C’est
beaucoup de travail.
Objectif Cinéma :Et le public ?
Patricia Lasou : Depuis
13 ans, il a vu beaucoup de films très différents !
Maintenant, j’espère qu’on a aiguisé sa curiosité.
Nous avons essayé de lui donner des références,
afin qu’il prenne plus de plaisir à voir des films,
des choses différentes. Si vous découvrez le
cinéma à 18 ans, avec des films très
académiques, votre plaisir ne sera pas le même
que si vous allez voir des films de cultures différentes,
un film indien comme cette année par exemple.
Nous sommes dans une société de plus en plus
formatée, c’est évident. C’est pourquoi nous
organisons des actions scolaires toute l’année, pour
former le public de demain : si on le ne forme pas à
savoir regarder des choses différentes, nous aurons
une génération de " formatés ".
Donc, on donne à voir au festival des films venus d’ailleurs,
des cinématographies qu'on ne voit pas dans les multiplexes.
Plus on a de références, plus on est capable
de déguster, cela est vrai pour toutes les formes d’art,
pour tous les domaines.
Nous nous disons aussi que tout le monde n’a pas envie d’aller
au cinéma, mais que tout le monde doit avoir envie
de faire la fête, même en dehors des salles de
cinéma. Les gens qui viennent cette année pour
les ateliers, ou pour les invités, iront l’année
prochaine dans les salles. Chacun doit y trouver une notion
de plaisir.
Objectif Cinéma :Vous organisez les actions vers les
scolaires. Quand ont-elles été mises en place ?
Quelles sont-elles ?
Patricia Riquet :Les
actions ont été créées quasi simultanément
avec le festival, il y a 13 ans. Aujourd’hui, 5 à 6
000 jeunes de toute la région Nord-Pas-De-Calais y
participent.
Cette année est importante puisque les actions sont
allées jusqu’à la réalisation de courts-métrages
par des élèves au sein d'établissements
scolaires. Nous espérons pouvoir les présenter
l’an prochain au festival. Il s’agit, à chaque fois,
de coller au programme du festival, donc on a trois films
de monstres cette année…Nous nous adressons aux primaires
et secondaires. C'est plus complexe de travailler avec les
tout-petits.
Le but est de donner aux jeunes et aux enfants les moyens
de regarder ce qu’il y a derrière une image. Ils ont
accès à plus de 75 chaînes, et comme on
apprend à lire, on doit savoir aussi décrypter
une image. L’important est d’offrir une " manière
de regarder ".
Objectif Cinéma :Quels sont vos rapports avec l’Education
Nationale ?
Patricia Riquet :Nous
avons avec eux un contrat de partenariat, mais nous organisons
tout. Nous axons par exemple beaucoup sur la découverte
des métiers du cinéma. Nous avons mis en place
des interventions pratiques sur un domaine technique, et des
séances d’initiation aux métiers du cinéma,
même peu connus : costumiers, maquilleurs... Avec
à chaque fois un intervenant reconnu. Ces actions s’échelonnent
sur toute l’année, pas seulement pendant le festival.
Objectif Cinéma : Nombre
de festivals développent des actions " pédagogiques " ;
le festival du film documentaire de Marseille notamment. Y
a-t-il des projets de partenariat ?
Patricia Riquet : Non,
pas vraiment. À Marseille ? (Le festival du
film documentaire organise tout au long de l’année
des actions dans certains quartiers de Marseille. Pour info,
voir le site : fidmarseille.org.)
C’est intéressant… Il est toujours bon d’aller
voir ce que font les autres. Mais il n’y a pas de partenariat
prévu. Des échanges d’idées, par contre,
oui, bien sûr. Un partenariat ne se fait pas vraiment
avec un autre festival, mais plutôt avec les institutions.
S’il y avait un partenariat à trouver, ce serait avec
la Belgique. Nous essayons de développer des liens
avec des villes belges, Mons par exemple. Ce serait formidable,
mais ça bloque, c’est difficile, très compliqué.