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  Festival du Film d'Action et d'Aventure de Valenciennes 1997 (c) D.R.
Nous rendons hommage cette année à Patrick Dewaere, un comédien gigantesque. C’est important que la nouvelle génération le découvre, ou le revoit. C’est un comédien qui n’a pas pris une ride, il est très actuel. Il incarne une forme de rébellion, de jeunesse… Mettre sa vie dans ses rôles, c’est quelque chose de formidable. En France, ces comédiens sont rares : bien souvent, le comédien est bien dans son rôle, mais il est le même dans la vie ! Ce n’est pas cela, être comédien.


Objectif Cinéma : On constate une continuité dans les choix de programmation, autour des années 60-70, du cinéma anglo-saxon. Vous avez honoré et reçu Richard Lester, Ken Russel, Nicolas Roeg, Jerry Schatzberg, Roger Corman, … une sorte d’Age d’Or ?

Patricia Lasou : Quand on fait un festival, c’est tellement dur, dix fois plus dur dans une ville comme Valenciennes, que l’on fait quand même aussi les choses qu’on aime. Sinon, on arrête tout de suite ! On ne réussit pas toujours à honorer quelqu’un qu’on apprécie, ou à avoir le film qu’on aime, mais en général on arrive à présenter des gens et des films qui sont très importants pour nous.


Objectif Cinéma : Y a-t-il de la nostalgie dans cette attachement ?

Patricia Lasou :
Non…Pourquoi ne pas célébrer des gens qui ont du talent, et qui l’ont prouvé ? Aujourd’hui, on sacralise tellement facilement des gens qui n’ont pas fait grand chose, que peut-être inconsciemment on aime se tourner vers les vrais valeurs.


Festival du Film d'Action et d'Aventure de Valenciennes 1998 (c) D.R.
Objectif Cinéma : Y a-t-il eu des rencontres artistiques permises par le festival ?

Patricia Lasou : C’est à cela que sert aussi un festival ; les jeunes réalisateurs, de courts notamment, sont logés avec les VIP, les personnalités. Ils sont en contact permanent, et des projets sont nés ainsi.


Objectif Cinéma : Après la " Blackploitation " et le " sport au cinéma ", la rétrospective de cette années est consacrée au " Monstres au cinéma ", avec un hommage à la Hammer. N’y a-t-il pas le risque de perdre ce qui faisait la spécificité de Valenciennes, c'est-à-dire un thème fort et unique ?

Patricia Lasou : Non, cette année c’est effectivement ce thème, l’an prochain ce sera sans doute autre chose de complètement différent. On a fait aussi " l’Aventure du Rock ", le cinéma "de cape et d'épée"…

On est très hétéroclites. L’éclectisme avant tout ! On ne veut pas se laisser enfermer. Il n’y a pas UN cinéma, il y a plein de genres, de niveaux différents. Il faut y prendre du plaisir. Il y a des choses mauvaises parfois, mais il ne faut pas fermer la porte à des choses qui donnent du plaisir.



  Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (c) D.R.
Objectif Cinéma : Un partenariat européen entre festivals de genre, comme le Bifff (Festival International du Film Fantastique de Bruxelles) est-il à l’ordre du jour ?

Patricia Lasou : Cela n’est pas facile à monter, c’est même très lourd. Nous sommes une toute petite équipe, et le travail est déjà énorme. Il y a un moment où les forces s’épuisent…


Objectif Cinéma : Avez-vous eu des difficultés pour trouver les films ?

Patricia Lasou : C’est très compliqué, un véritable travail de détective. Il n’y a aucun organisme qui recense les films de manière détaillée… De plus, les ayants droits (l’ayant droit possède les droits d’exploitations du film : pour pouvoir présenter un film en salle, même si la copie est disponible, il faut son autorisation. C’est tout le problème de l’exploitation de patrimoine, qui devient une forme d’archéologie.) changent tout le temps, et quand vous en avez trouvé un, vous ne trouverez pas forcément la copie. Il faut une grande quantité de réseaux, cela s’acquiert au fil du temps. Si l’on compare avec le théâtre par exemple, une compagnie crée un certain nombre de pièces, le nombre d’œuvres en circulation est connu. Un théâtre achète un certain nombre de représentations ; avec les films, tout est informel, c’est un peu la jungle.