|
|
|
|
Nous rendons hommage
cette année à Patrick Dewaere, un comédien
gigantesque. C’est important que la nouvelle génération
le découvre, ou le revoit. C’est un comédien
qui n’a pas pris une ride, il est très actuel. Il
incarne une forme de rébellion, de jeunesse… Mettre
sa vie dans ses rôles, c’est quelque chose de formidable.
En France, ces comédiens sont rares : bien souvent,
le comédien est bien dans son rôle, mais il
est le même dans la vie ! Ce n’est pas cela,
être comédien.
Objectif Cinéma : On
constate une continuité dans les choix de programmation,
autour des années 60-70, du cinéma anglo-saxon.
Vous avez honoré et reçu Richard Lester, Ken
Russel, Nicolas Roeg, Jerry Schatzberg, Roger Corman, …
une sorte d’Age d’Or ?
Patricia Lasou : Quand
on fait un festival, c’est tellement dur, dix fois plus
dur dans une ville comme Valenciennes, que l’on fait quand
même aussi les choses qu’on aime. Sinon, on arrête
tout de suite ! On ne réussit pas toujours à
honorer quelqu’un qu’on apprécie, ou à avoir
le film qu’on aime, mais en général on arrive
à présenter des gens et des films qui sont
très importants pour nous.
Objectif Cinéma :
Y a-t-il de la nostalgie dans cette
attachement ?
Patricia Lasou : Non…Pourquoi
ne pas célébrer des gens qui ont du talent,
et qui l’ont prouvé ? Aujourd’hui, on sacralise
tellement facilement des gens qui n’ont pas fait grand chose,
que peut-être inconsciemment on aime se tourner vers
les vrais valeurs.
Objectif Cinéma :
Y a-t-il eu des rencontres artistiques
permises par le festival ?
Patricia Lasou : C’est
à cela que sert aussi un festival ; les jeunes
réalisateurs, de courts notamment, sont logés
avec les VIP, les personnalités. Ils sont en contact
permanent, et des projets sont nés ainsi.
Objectif Cinéma : Après
la " Blackploitation " et le " sport
au cinéma ", la rétrospective de cette
années est consacrée au " Monstres
au cinéma ", avec un hommage à la
Hammer. N’y a-t-il pas le risque de perdre ce qui faisait
la spécificité de Valenciennes, c'est-à-dire
un thème fort et unique ?
Patricia Lasou : Non,
cette année c’est effectivement ce thème, l’an
prochain ce sera sans doute autre chose de complètement
différent. On a fait aussi " l’Aventure
du Rock ", le cinéma "de cape et d'épée"…
On est très hétéroclites. L’éclectisme
avant tout ! On ne veut pas se laisser enfermer. Il n’y a
pas UN cinéma, il y a plein de genres, de niveaux différents.
Il faut y prendre du plaisir. Il y a des choses mauvaises
parfois, mais il ne faut pas fermer la porte à des
choses qui donnent du plaisir.
Objectif Cinéma : Un
partenariat européen entre festivals de genre, comme
le Bifff (Festival International du Film Fantastique de Bruxelles)
est-il à l’ordre du jour ?
Patricia Lasou : Cela
n’est pas facile à monter, c’est même très
lourd. Nous sommes une toute petite équipe, et le travail
est déjà énorme. Il y a un moment où
les forces s’épuisent…
Objectif Cinéma : Avez-vous
eu des difficultés pour trouver les films ?
Patricia Lasou : C’est
très compliqué, un véritable travail
de détective. Il n’y a aucun organisme qui recense
les films de manière détaillée… De plus,
les ayants droits (l’ayant droit possède les droits
d’exploitations du film : pour pouvoir présenter
un film en salle, même si la copie est disponible, il
faut son autorisation. C’est tout le problème de l’exploitation
de patrimoine, qui devient une forme d’archéologie.)
changent tout le temps, et quand vous en avez trouvé
un, vous ne trouverez pas forcément la copie. Il faut
une grande quantité de réseaux, cela s’acquiert
au fil du temps. Si l’on compare avec le théâtre
par exemple, une compagnie crée un certain nombre de
pièces, le nombre d’œuvres en circulation est connu.
Un théâtre achète un certain nombre de
représentations ; avec les films, tout est informel,
c’est un peu la jungle.
|