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Jean Rollin (c) D.R. JEAN ROLLIN
Réalisateur
Entretien réalisé
à Bruxelles le 29 mars 2002
Par Yves GAILLARD, Xavier MENDIK
et Mike LEBBING


Faut-il présenter Jean Rollin ? Véritable mythe dans le monde anglo-saxon, Jean Rollin, comme Jess Franco, connaît aujourd’hui une reconnaissance tardive qui lui vaut d’être invité a présenter quatre de ses films consacrés aux vampires, les 24 et 25 juillet 2003, à l'occasion de la rétrospective "Vampires" à la Cinémathèque Grands Boulevards. Retour sur son interview fleuve.

Son œuvre fantastique, fascinée par la beauté des femmes-vampires et la nostalgie de l’enfance, débuta avec Le Viol du Vampire en 1967, premier volet d’une série à laquelle on le réduit souvent (La Vampire Nue, 1969, Le Frisson des Vampires, 1970, Requiem pour un Vampire, 1971).

  Lèvres de sang (c) D.R.

Pourtant, ses films les plus surprenants ne se rattachent pas à une mythologie précise, même si la fascination pour le fétichisme et le romantisme macabre sont toujours présents : La Rose de Fer en 1972 est ainsi une sorte de fable allégorique cruelle sur les affres du couple, tandis que Lèvres de Sang (1974), peut-être son plus beau film, suit l’itinéraire d’un homme obsédé par un souvenir, à la recherche de la Belle Dame en Blanc qu’il rencontra enfant ; les contraintes budgétaires, que Rollin rencontra tout au long de sa carrière, sont ici sublimées par des décors naturels splendides, où Paris et un château du Périgord se confondent dans une même image d’un monde devenu ruine.

Tous les films de Jean Rollin sont passionnants pour leurs intentions ; lui-même sait rire de certains de ses films, et c’est cette franchise lucide et joyeuse qui étonne lorsqu'on le rencontre.

L’amateurisme des acteurs, le rythme languissant, hypnotique, et la beauté de ses cadrages concourent à faire de la vision d’un film de Jean Rollin une expérience du vagabondage mental, ou les réminiscences se télescopent ; des " mélodrames " de Gaston Leroux (auquel il consacra une série d’articles dans la revue " Midi Minuit Fantastique ", exhaustifs et passionnants) aux œuvres de Gustave Moreau, en passant par la modernité européenne dont Rollin s’inspire beaucoup dans son emploi du plan-séquence, de la musique atonale…

Le Viol du vampire (c) D.R.

Au-delà de sa réputation de réalisateur " Z ", Jean Rollin fut l’un des pionniers du renouveau du cinéma fantastique européen dans les années 70 ; mi-pour des raisons budgétaires, mi-par choix artistique, Le Viol Du Vampire apparaît aujourd’hui comme un film novateur, ancré dans un contexte contemporain, bénéficiant d'un mélange d’influences gothiques et modernes visant à ouvrir le thème de l’addiction vampirique sur la drogue, et la psychanalyse (sans parler de l’intrusion d’une imagerie sexuelle explicitement fétichiste et sadique).

Compagnon de route de Maurice Lemaître et Jean Pierre Bouyxoux, le parcours de Jean Rollin emprunta les voies les plus improbables, passant par le gore et le porno, mais toujours en préservant sa fascination inquiète pour la beauté des femmes-vampires.

Si, dans les années 80, Rollin disparut des écrans, ce n’est qu’en 1995 qu’il retourna à la réalisation avec Les Deux Orphelines Vampires. Il a depuis réalisé un nouveau film, La Fiancée de Dracula, malgré de graves problèmes de santé.