Faut-il présenter
Jean Rollin ? Véritable mythe dans le monde anglo-saxon, Jean
Rollin, comme Jess Franco, connaît aujourd’hui une reconnaissance
tardive qui lui vaut d’être invité a présenter quatre de ses
films consacrés aux vampires, les 24 et 25 juillet 2003, à
l'occasion de la rétrospective "Vampires" à la Cinémathèque
Grands Boulevards. Retour sur son interview fleuve.
Son œuvre fantastique, fascinée par la beauté
des femmes-vampires et la nostalgie de l’enfance, débuta
avec Le Viol du Vampire en 1967, premier volet d’une
série à laquelle on le réduit souvent
(La Vampire Nue, 1969, Le Frisson des Vampires,
1970, Requiem pour un Vampire, 1971).
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Pourtant, ses films
les plus surprenants ne se rattachent pas à une mythologie
précise, même si la fascination pour le fétichisme
et le romantisme macabre sont toujours présents :
La Rose de Fer en 1972 est ainsi une sorte de fable
allégorique cruelle sur les affres du couple, tandis
que Lèvres de Sang (1974), peut-être son
plus beau film, suit l’itinéraire d’un homme obsédé
par un souvenir, à la recherche de la Belle Dame en
Blanc qu’il rencontra enfant ; les contraintes budgétaires,
que Rollin rencontra tout au long de sa carrière, sont
ici sublimées par des décors naturels splendides,
où Paris et un château du Périgord se
confondent dans une même image d’un monde devenu ruine.
Tous les films de Jean Rollin sont passionnants pour leurs
intentions ; lui-même
sait rire de certains de ses films, et c’est cette franchise
lucide et joyeuse qui étonne lorsqu'on le rencontre.
L’amateurisme des acteurs, le rythme languissant, hypnotique,
et la beauté de ses cadrages concourent à faire
de la vision d’un film de Jean Rollin une expérience
du vagabondage mental, ou les réminiscences se télescopent ;
des " mélodrames " de Gaston Leroux
(auquel il consacra une série d’articles dans la revue
" Midi Minuit Fantastique ", exhaustifs
et passionnants) aux œuvres de Gustave Moreau, en passant
par la modernité européenne dont Rollin s’inspire
beaucoup dans son emploi du plan-séquence, de la musique
atonale…
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Au-delà de
sa réputation de réalisateur " Z ",
Jean Rollin fut l’un des pionniers du renouveau du cinéma
fantastique européen dans les années 70 ;
mi-pour des raisons budgétaires, mi-par choix artistique,
Le Viol Du Vampire apparaît aujourd’hui comme
un film novateur, ancré dans un contexte contemporain,
bénéficiant d'un mélange d’influences
gothiques et modernes visant à ouvrir le thème
de l’addiction vampirique sur la drogue, et la psychanalyse
(sans parler de l’intrusion d’une imagerie sexuelle explicitement
fétichiste et sadique).
Compagnon de route de Maurice Lemaître et Jean Pierre
Bouyxoux, le parcours de Jean Rollin emprunta les voies les
plus improbables, passant par le gore et le porno, mais toujours
en préservant sa fascination inquiète pour la
beauté des femmes-vampires.
Si, dans les années 80, Rollin disparut des écrans,
ce n’est qu’en 1995 qu’il retourna à la réalisation
avec Les Deux Orphelines Vampires. Il a depuis réalisé
un nouveau film, La Fiancée de Dracula, malgré
de graves problèmes de santé.
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