Objectif Cinéma : Le photomontage apporte l’image finale mais ne demeure, après tout, qu’un photomontage…

Brian de Palma : Oui, c’est une création artistique produite par le subconscient, comme le rêve.


Objectif Cinéma : La quête la plus importante dans le film est celle de ce photomontage, ce qui semble marquer une rupture avec l’atmosphère onirique.

Brian de Palma : Un film est une création artistique qui n’a qu’une existence éphémère en tant que tel. Une fois terminé, il s’envole et vit sa vie, comme une photo instantanée.


Objectif Cinéma : Quand avez-vous décidé d’utiliser votre propre image à la fin du film (la photo finale) ?

Brian de Palma : Je n’en ai aucune idée. Mon frère et moi-même montions le film au fur et à mesure que je le tournais. La quête d’Antonio et cette image structurent le film et donnent une logique à l’ensemble, et quand on fabrique une œuvre d’art, on tente sans cesse d’assembler les pièces du puzzle. Dans le cas d’un film, on assemble les différentes scènes jusqu’à ce qu’il soit achevé, et c’est ce que nous avons fait au montage. C’était un réajustement continuel.

Objectif Cinéma : Cette idée de réutiliser le début du film à la fin, vous l’avez toujours eue en tête ?

Brian de Palma : Oui, mais elle s’est développée pendant le tournage et le montage.


Objectif Cinéma : C’est la première fois que vous mettez en pratique cette idée dans votre œuvre.

Brian de Palma : Oui, et je la trouve fascinante . Il y a quelque chose d’irrésistible dans le concept du photomontage.


Objectif Cinéma : Que vous sentez-vous capable de créer désormais ? Qu’est-ce qui pourrait permettre à votre œuvre de franchir un nouveau palier après Femme Fatale ?

Brian de Palma : En fait je ne sais pas véritablement où l’idée développée dans ce film va me mener, mais elle me semble passionnante. Quelqu’un qui s’assoit à un balcon, étudie précisément un endroit de la ville et crée ces multitudes d’images digitales qui sont toutes le produit de la technologie, ce montage énorme d’un lieu défini qui évolue en fonction de l’époque, du temps qu’il fait, des saisons et des gens qui s’y trouvent, donne naissance à une nouvelle forme d’art. J’ignore vers où cette nouvelle forme se dirige, mais elle existe.

Objectif Cinéma : Il semble que dans Femme Fatale, contrairement à la plupart de vos films, il n’y ait pas de place pour une histoire d’amour entre les deux personnages principaux.

Brian de Palma : On ne sait pas vraiment ce qui va se passer entre eux deux car ils ne se rencontrent qu’à la fin du film. Ce qu’on voit de leur relation est inséré dans le cauchemar conforme au schéma traditionnel : une femme fatale séduit un homme et le mène à sa ruine.


Objectif Cinéma : Cette femme est-elle réellement diabolique ?

Brian de Palma : En fait, c’est une grande manipulatrice. Elle ne s’intéresse qu’à l’argent et est prête à tout pour s’en procurer.

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Objectif Cinéma : Brian De Palma vu par David Lombourg Femme Fatale : site français du film  Femme Fatale : site US du film Brian De Palma : site américain sur le réalisateur

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