ANNA
THOMSON "J'ai parfois l'impression de devoir
défendre ma vie pour les gens."
Entretien
réalisé le 17 avril 2002
Par Cécile GIRAUD
Photos de Peggy ZEJGMAN
Anna Thomson a atterri
à Paris à 10h du matin, et c’est déjà
la course : après une séance photo, elle apparaît
dans une robe noire, vaporeuse, transparente, tremblante sur
ses talons aiguille, petite et frêle. On a peur de la
briser si on la touche. Elle disparaît derrière
un rideau, mange un morceau, et change de robe : pour
nous, ce sera un ensemble beige (mais toujours des talons),
qui lui donne un air innocent, d’oiseau tombé du nid.
Elle s’excuse maintes fois de nous avoir fait attendre si
longtemps, mais on pardonnerait tout à cette comédienne
qui donne tant d’elle même. L’interview est courte,
mais dense : elle se livre, nous dit tout sans exhibitionnisme,
avec sincérité, confiance.
Rencontre avec Anna Thomson pour le nouveau film d’Amos Kollek,
Bridget.
Objectif
Cinéma : Bridget
est votre quatrième film avec Amos Kollek, sans compter
le court-métrage que vous avez fait ensemble, pourriez-vous
nous expliquer comment vous envisagez votre relation ?
Anna Thomson : Je crois que j’ai eu de la chance
de tomber sur lui, par hasard. C'est tellement rare de rencontrer
quelqu’un avec qui l'on se sent si bien. Avec Amos, on se
comprend, on a la même vision des choses, on est en
phase dans nos envies. Je ne sais pas pourquoi ça marche
entre nous, c’est un accident. Pourtant, on n’a pas la même
culture, on n’a pas été élevé
dans le même pays, on a donc très peu de choses
en commun, mais ça marche, et c’est rare… Peut-être
aussi parce qu’il a un style spécial et qu’il
a tourné avec de grandes actrices qui ont sans doute
moins compris sa vision des choses.
Objectif Cinéma :
Est-ce qu’on peut dire que vous êtes dépendants
l’un de l’autre ?
Anna Thomson : Non, je ne crois
pas. Peut-être qu’il était toujours lui-même,
mais que son style n’était pas clair pour les autres,
ils ne le comprenaient pas. Il n’aime pas qu’on dise qu’il
est dépendant de moi. On se comprend bien, c'est tout.
Objectif Cinéma : Quelle
est votre approche de votre travail ensemble ? Est-ce
que vous en avez une vision globale, ou est-ce un nouveau
départ à chaque film ?
Anna Thomson : On a toujours
essayé d’ajouter quelque chose de neuf, pour ne pas
toujours refaire ce qu’on avait déjà fait. On
essaye d’aller d’un point à un autre. Mais à
partir de maintenant, il va continuer à travailler
sans moi. Je n’ai plus aucun projet, et j’aimerais passer
plus de temps avec mes enfants. Je dois faire un break pour
l'instant. Amos a un projet, sans vraiment de rôle pour
moi, mais il m'assure qu’il peut m’intégrer à
ce projet. Il vaut mieux qu’il fasse son film comme il l’entend,
plutôt que d’être obligé de m’y intégrer.
Mais si on a envie de retravailler ensemble, ce sera toujours
possible.