Mémoire Morte, avec Delphine Chuillot (Pola X) et Olivier Sitruk (L’appât) est son premier long-métrage, inaugurant une série de films d’anticipation tournés en DV et produits par Laurent Thiry (Magnificat Films) et TPS, C’est Arrivé Demain. La petitesse du budget et le tournage en DV impose une approche " naturaliste " du genre, dont Mémoire Morte sait tirer parti.

Mémoire Morte se distingue donc par son dispositif quasi-théâtral : une jeune femme, Ania, est l’objet d’expériences scientifiques mystérieuses. Elle est confinée dans un appartement truffé de caméras de surveillance. En compagnie d’un journaliste-vidéaste, Bruno Manali, dont le travail consiste à la filmer constamment, Ania décide de découvrir sa véritable identité.

Femme guerrière, thématique de la vidéo-surveillance, conspiration… Les clichés de la S.F. contemporaine abondent dans Mémoire Morte. Mais ce qui n’aurait pu être qu’un exercice de mise en scène (la S.F. documentarisante) échappe cependant à la théâtralité de son dispositif et du jeu de ses acteurs par une rupture brutale du huis clos en cours de film.

Sur le modèle du THX 1138 de Georges Lucas, Mémoire Morte extirpe alors ses personnages de l’appartement pour les propulser en Russie. Le caractère contraignant de la logique de captation disparaît, et les parti-pris esthétiques se justifient alors dans la description inspirée d’un bloc soviétique déliquescent et mystérieux.

Frank Chiche porte le scénario de Mémoire Morte depuis plus de 15 ans. Au Festival de Bruxelles, une des plus importantes manifestations internationales de cinéma fantastique, son plaisir à le voir présenter son film était communicatif.

Précis dans ses réponses, vigilant dans le choix des mots et des concepts, tout en gardant sa décontraction, Frank Chiche s’est prêté avec plaisir au jeu de l’entretien.



Objectif Cinéma : Pouvez-vous nous présenter la collection C’est Arrivé Demain, dont Mémoire Morte est le premier opus ?

Frank Chiche : La collection part d’un concept simple, et à contre-courant de la production française : un sujet d’anticipation, tourné sans argent. Aujourd’hui, d’énormes machines financières se montent autour d’un projet, et semblent rendre le cinéma inaccessible aux petits budgets. Dans le domaine de la S.F., la France n’a pas de réputation, puisque c’est un genre qu’on ne pratique pas. Mais la tendance s’inverse depuis quelque temps, puisque cette collection a réussi à voir le jour. Le 3^e film est en chantier actuellement, et j’espère que ça va continuer car même si elle comprend 10 films, chacun d'entre eux doit permettre au suivant de se faire.