Objectif Cinéma :
Ce couple cobaye-journaliste
évoque le couple actrice-cinéaste… Frank Chiche :
Au début, j’avais écrit le rôle de Manali
pour moi. Je voulais aller au bout de l’idée, et devais
donc interpréter le personnage. L'apparition de Manali
était très sporadique, très en retrait.
C’est d’ailleurs pour ça que le film est signé
" Bruno Manali ".
Mais l’accord ne s’est pas fait avec le producteur. A partir
du moment où je faisais le choix de travailler avec un
comédien, il s’agissait alors de développer le
personnage, tout en restant dans la même démarche.
C’est donc un personnage délicat, car en retrait. L’action
ne passe jamais par lui, mais par Ania ; par contre, l’évolution
des rapports d’Ania à la réalité ne s’opère
que grâce à lui : Ania a toujours la même
attitude, depuis le début. C’est lui qui fait évoluer
l’histoire. Il fallait donc une certaine générosité
du comédien, Olivier Sitruk, pour accepter à ce
point de ne pas être le centre du film. Il a dû
prendre le parti du réalisateur, de celui "qui donne
à montrer".
Objectif Cinéma :
Dans sa deuxième moitié,
Mémoire Morte s‘échappe de l‘appartement
pour suivre le voyage d’Ania et Manali en Russie, afin de
percer le secret autour du passé d’Ania. Pourquoi
avoir choisi la Russie ?
Frank Chiche :
La Russie, c’est comme une logique de mystère. On aurait
tout à fait pu placer cette histoire aux Etats-Unis,
mais il aurait fallu développer beaucoup d’arguments
pour rendre le film crédible. La Russie est une sorte
de marmite de fantasmes : hier, l’Union Soviétique
fonctionnait refermée sur elle-même, mais comme
aux Etats-Unis, de nombreuses expériences sur l’être
humain ont été faites. Cela me permettait
de rester dans le mystère, l’imaginaire. Et le petit
périple que nous avons fait en Russie - dont je ne
connaissais rien - a totalement gonflé ce mystère.
On est arrivé à St Petersbourg, cette ville
magique qui semble s’être figé dans les années
70 et qui se fait paradoxalement rattraper tout à coup
par la modernité. On y trouve des bâtiments proches
de la ruine et des routes en mauvais état, à
côté de l’Ermitage, le plus grand musée
du monde… Le rêve.
La Russie est un pays facile à filmer, les images sont
belles d’emblée. En utilisant des petites caméras
DV, nous formions des équipes très légères,
très discrètes. Cela nous a permis de capter
les choses de la façon la plus réelle et la
plus simple possible.
Objectif Cinéma:
Mémoire Morte sortira-t-il
en salles ? (Le film n’existe pour l’instant qu’en copie
Beta Num.)
Frank Chiche :
J’aimerais, comme tous ceux qui ont travaillé sur le
film, qu’il soit distribué en salles. Au départ,
le film a été signé pour la télévision.
Mais je pense que la télévision n’est pas le
support le plus adéquat pour ce film.
C’est un film qui a besoin du comportement du spectateur,
qui doit sortir de chez lui et se rendre dans un endroit spécifique
pour le voir. Voir ce film-là et pas tel autre. On
essaye donc de le faire connaître, en le montrant dans
les festivals : Bruxelles est la première étape,
et c'est l’occasion de voir pour la première fois un
public étranger réagir et discuter avec nous.
C’est quelque chose de très important : les projections
publiques dans les festivals sont sans doute ce qui peut arriver
de mieux pour aider ce film. Cela favorisera peut-être
la création d'un bouche-à-oreille. On sortira
ensuite le film lorsqu’il reviendra armé d’une petite
réputation, et qu’il aura déjà une petite
vie, susceptible d'aider les exploitants à prendre
des paris sur lui.
Objectif Cinéma :
Avez-vous des projets futurs ?
Frank Chiche :
Nous développons deux projets, toujours avec le même
producteur, Laurent Thiry. Le premier est totalement ancré
dans le fantastique, encore une fois. Le deuxième est
une histoire beaucoup plus quotidienne, où les procédés
de narration seront de l’ordre du fantastique, mais où
en revanche l’histoire ne comportera aucun élément
suggérant ce type d’univers. Mais il s’agira tout de
même d’avoir peur. Même si je ne suis pas friand
des très grandes terreurs, mon film préféré
reste l’Exorciste.
Titre : Mémoire
morte Idée originale
: Frank Chiche Adaptation :Yves Ramonet
- Frank Chiche Dialogues : Yves Ramonet
- Frank Chiche Réalisateur :
Frank Chiche Chef opérateur
: Christophe Offenstein Support de tournage
: Dvcam, Mini Dvcam, Digital Beta Rôles principaux
: Olivier Sitruk, Delphine Chuillot, Jacques Zabor,
Sarah Bertrand, Niels Dubost Langue de tournage :
français et russe Tournage : 16 octobre
2000 - 17 novembre 2000 Lieu : Paris; région
parisienne; Russie Montage : Gary Christophe Musique : Alain Mouysset Costumes : Chinh Tran Décoration :
Paul Fayard Producteur : Laurent
Thiry Productrice artistique
: Isabelle Fauvel Production : Magnificat
Films Coproducteur : TPS CINEMA
- GTV Soutien : CNC Cosip Durée
: 1 h 35 Pays : France Année : 2001