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Huit Femmes (c) D.R. ARNAUD DE MOLERON
Chef décorateur de
Huit femmes de François Ozon
Entretien réalisé le 3 avril 2002
Par Alexandre TSEKENIS


Décorateur pour le cinéma, Arnaud de Moléron travaille sur les films de Claire Denis depuis 1994 (J'ai pas sommeil). Dans cet entretien, il évoque son travail pour le film Huit femmes de François Ozon, qu'il retrouve après Gouttes d'eau sur pierres brûlantes et Les amants criminels.


Objectif Cinéma : Comment êtes-vous arrivé dans cette profession ? Eprouviez-vous une attirance pour le décor ou pour le cinéma ?

Arnaud de Moléron : J'y suis entré par hasard à l'âge de 22 ans, sans être cinéphile, ni même attiré par les métiers du cinéma. J'ai commencé en donnant un coup de main sur un tournage, et je me suis pris au jeu. J'ignorais totalement ce qui se pouvait se passer derrière une caméra. Par contre, je m'intéressais à l'architecture d’une façon générale et l’idée de concevoir un lieu m’avais toujours attiré. Ensuite, je suis passé par l'assistanat, notamment avec Michel Barthélémy avec qui j'ai fait de nombreux décors de clips et de films publicitaires.


  Huit Femmes (c) D.R.

Objectif Cinéma : Vous n'avez donc pas de formation artistique, comme tous les "anciens" décorateurs ?

Arnaud de Moléron : Non, ni comme les nouvelles générations que je vois arriver et qui ont pour beaucoup d'entre eux fait des études d'architecture, les Beaux-Arts, ou des écoles de scénographie.

En dehors de l'aspect créatif et purement artistique du métier, le décorateur est l'interprète du projet d'un metteur en scène. Ce qui m'intéresse particulièrement, c'est de vivre la genèse d'un film, la rencontre avec un metteur en scène qui veut amener son film sur un terrain que l'on avait pas forcément imaginé lors de la lecture du scénario. C'est passionnant et parfois déstabilisant.


Objectif Cinéma : On peut deviner chez tel ou tel décorateur une prédilection pour l'architecture ou la peinture.

Arnaud de Moléron : J'accorde autant d'importance à la couleur qu'au volume, et de plus en plus au meublage. C'est ce qui fait vivre un décor, et permet de bien évoquer une époque, un milieu social, un sentiment.

Je sais que certains décorateurs tiennent à s'occuper eux-mêmes du mobilier, mais en ce qui me concerne, je travaille toujours avec un ensemblier. Prendre en charge le meublage suppose être souvent absent du plateau et c'est pour moi hors de question, surtout sur un film comme Huit femmes où le planning était très serré. Je devais même me forcer à quitter le décor pendant le week-end pour revenir avec un œil neuf le lundi matin.