Décorateur pour le cinéma,
Arnaud de Moléron travaille sur les films de Claire
Denis depuis 1994 (J'ai pas sommeil). Dans cet entretien,
il évoque son travail pour le film Huit femmes
de François Ozon, qu'il retrouve après Gouttes
d'eau sur pierres brûlantes et Les amants criminels.
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Objectif
Cinéma : Comment êtes-vous
arrivé dans cette profession ? Eprouviez-vous une attirance
pour le décor ou pour le cinéma ?
Arnaud de Moléron :
J'y suis entré par hasard à l'âge de 22 ans, sans être cinéphile,
ni même attiré par les métiers du cinéma. J'ai commencé en
donnant un coup de main sur un tournage, et je me suis pris
au jeu. J'ignorais totalement ce qui se pouvait se passer
derrière une caméra. Par contre, je m'intéressais à l'architecture
d’une façon générale et l’idée de concevoir un lieu m’avais
toujours attiré. Ensuite, je suis passé par l'assistanat,
notamment avec Michel Barthélémy avec qui j'ai fait de nombreux
décors de clips et de films publicitaires.
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Objectif
Cinéma : Vous n'avez
donc pas de formation artistique, comme tous les "anciens"
décorateurs ?
Arnaud de Moléron :
Non, ni comme les nouvelles générations que
je vois arriver et qui ont pour beaucoup d'entre eux fait
des études d'architecture, les Beaux-Arts, ou des écoles
de scénographie.
En dehors de l'aspect créatif et purement artistique
du métier, le décorateur est l'interprète
du projet d'un metteur en scène. Ce qui m'intéresse
particulièrement, c'est de vivre la genèse d'un
film, la rencontre avec un metteur en scène qui veut
amener son film sur un terrain que l'on avait pas forcément
imaginé lors de la lecture du scénario. C'est
passionnant et parfois déstabilisant.
Objectif Cinéma : On
peut deviner chez tel ou tel décorateur une prédilection
pour l'architecture ou la peinture.
Arnaud de Moléron :
J'accorde autant d'importance à la couleur qu'au volume,
et de plus en plus au meublage. C'est ce qui fait vivre un
décor, et permet de bien évoquer une époque,
un milieu social, un sentiment.
Je sais que certains décorateurs tiennent à
s'occuper eux-mêmes du mobilier, mais en ce qui me concerne,
je travaille toujours avec un ensemblier. Prendre en charge
le meublage suppose être souvent absent du plateau et
c'est pour moi hors de question, surtout sur un film comme
Huit femmes où le planning était très
serré. Je devais même me forcer à quitter
le décor pendant le week-end pour revenir avec un œil
neuf le lundi matin.
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