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Objectif
Cinéma : On sent une
jubilation, déjà perceptible dans Gouttes
d'eau sur pierres brûlantes, dans la façon
de créer et montrer le décor, ainsi qu'une grande
attention donnée aux détails.
Arnaud de Moléron :
François tenait à ce que, d'une part, le décor
soit présent à l'image, d'autre part le montrer
en tant que décor.
Et je pense que dès qu'on entre en studio, il ne faut
pas se tromper sur le moindre bouton de porte. J'ai moi-même
été très vigilant à soigner tous
les détails, la quincaillerie, les crémones...
même à cacher les vis qu'on utilise aujourd'hui
en construction, que pourtant seul un regard initié
peut déceler à l'image.
Tout a été dessiné et fabriqué
: la bibliothèque, l'escalier, les panneaux de moulures,
les portes, etc, et nécessité un nombre astronomique
de plans. Nous disposions seulement de 4 semaines de préparation
avant les 8 semaines de studio, et il fallait tout prévoir,
tout dessiner, avancer très vite pour ne pas retarder
la construction du décor.
De plus, le casting n'était pas définitif au
moment où j'ai commencé, et pour des raisons
de disponibilité des comédiennes, le tournage
a du être avancé d'une semaine !
Objectif Cinéma : Vous
sentez-vous plus un décorateur de studio ?
Arnaud de Moléron :
Travailler en studio est un vrai plaisir, mais je suis prêt
à défendre un petit film (par le budget) en
décors naturels. Comme je l'ai fait jusqu'à
présent, en travaillant sur les films de Claire Denis,
dont j'ai fait tous les décors depuis J'ai pas sommeil,
excepté le dernier qui est justement tourné
en studio !
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Objectif
Cinéma : François
Ozon intervient-il dans la conception du décor ?
Arnaud de Moléron :
Comme tous les réalisateurs, François a des
idées précises et des préférences,
en particulier sur le mobilier et les accessoires. Pendant
la préparation, nous avons regardé ensemble
beaucoup de photos, il intervenait sur les choix. Il n'attendait
pas de voir un décor installé et meublé
pour décider de ce qui lui convenait ou pas.
En revanche, j'ai eu le champ libre sur toute l'architecture
: les volumes, le dessin d'escalier, la forme des fenêtres,
l'estrade de l'entrée que j'ai imaginée pour
mettre en scène l'arrivée des actrices...
Objectif Cinéma : L'ordinateur
est-il devenu un outil important dans votre méthode
de travail ?
Arnaud de Moléron :
Il y a deux écoles. Dans le cas de Huit femmes,
tout a été dessiné à la main.
Pour le décor du film de Michel Deville sur lequel
je travaille actuellement, situé pendant la seconde
guerre mondiale, nous avons l'éternel problème
de trouver des anciens papiers peints, des affiches, des documents
d'époque.... Avec le bon logiciel, on a pu dessiner
et reproduire un motif, le modifier à volonté,
donc créer tout ce qui était d'habitude difficile
à trouver ou très long à réaliser.
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Objectif
Cinéma : Quel est le
décor (ou les décors) qui vous ont donné
le plus de plaisir, ou qui vous sont le plus chers ?
Arnaud de Moléron :
Sans doute les deux décors en studio avec François
Ozon. Pour Gouttes d'eau... et son ambiance seventies,
on a fait beaucoup de choses nous-même avec mon assistant,
le décor s'est fait de façon très artisanale
et empirique. J'aime également la partie de recherches
: je suis parti deux jours avec François à Cologne
faire des répérages de façades, puis
en Belgique, chez des récupérateurs, à
la recherche d'accessoires, d'éléments de décor...
J'ai également beaucoup appris sur l'importance du
décor à l'image en travaillant avec Claire Denis,
dont l'univers est à l'opposé de celui de François
Ozon. C'est un cinéma non narratif, contemplatif, où
tout ce qui est présent à l'image prend un sens
très particulier : lumière, décor, comédiens,
musique... c'est la personne qui m'a donné les plus
belles leçons de cinéma.
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2002 Un monde presque
paisible de Michel Deville
2002 La Repentie
de Laetitia Masson
2002 8 Femmes
de François Ozon
2001 Trouble Every
Day de Claire Denis
2000 Promenons-nous
dans les bois de Lionel Delplanque
1999 Gouttes d'eau
sur pierres brûlantes de François
Ozon
1999 Les Amants criminels
de François Ozon
1999 Beau Travail
de Claire Denis
1997 Le Septième
Ciel de Benoît Jacquot
1996 Nénette
et Boni de Claire Denis
1995 En avoir (ou
pas) de Claire Denis
1994 US Go Home
de Claire Denis
1994 J'ai pas sommeil
de Claire Denis
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