Objectif
Cinéma : L’apprentissage
tient une place importante dans tes films. Comment as-tu débuté
dans le cinéma ?
Thomas Salvador : Le cinéma
a commencé pour moi en tant que spectateur, comme pour
beaucoup d’autres je pense. Et cela continue, je vais toujours
voir un film par jour en salles, sauf si je suis très
malade ou si je travaille... Tous les réalisateurs
que j’aime ont (ou ont eu) ce rapport avec les salles de cinéma
et son histoire. Ils étaient animés par l’envie
de faire des films, d’exprimer et de créer, mais aussi
curieux de voir ce qui se faisait ailleurs et à d’autres
époques. En ce sens j’ai le sentiment de fonctionner
à l’ancienne.
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Objectif
Cinéma : De qui te revendiquerais-tu
plus particulièrement ?
Thomas Salvador : Je ne me
revendique d’aucune chapelle. J’aime des cinématographies
très différentes. Mais je pense notamment à
des gens qui ont beaucoup fréquenté la cinémathèque,
qui étaient critiques et cinéastes, ceux de
la nouvelle vague par exemple. Cela dit leur cinéma
n’est pas non plus celui que je préfère. Je
n’ai jamais été ni ''godardien'' ni ''rivettien", mais
j'aime simplement certains de leurs films et d'autres non...
Ce sont des personnes qui ont écrit et réfléchi
sur le cinéma avant de passer à la réalisation.
C’est quelque chose qui s’est perdu aujourd’hui.
Objectif Cinéma : Tu
souhaiterais faire le chemin inverse ? Faire ce travail
d’écriture sur le cinéma ?
Thomas Salvador : Ce n’est
pas impossible. D’ailleurs, je le fais déjà
pour moi. J’aime écrire tout court. Et à plus
forte raison sur le cinéma.
Objectif Cinéma :
Cela fait longtemps que tu écris ?
Thomas Salvador : Je ne sais
pas. Tout se mélange au milieu d’autres notes dans
des cahiers. Depuis plusieurs années je répertorie
les films que je vois, mais j’oublie souvent de le faire et
le retard s’accumule. Quand j’y reviens, souvent plusieurs
mois après, j’essaie d’écrire sur ceux qui m'ont
intéressé. Mais récemment j’ai un peu
décroché.
Objectif Cinéma : Qu’écris
tu dans ces cahiers ?
Thomas Salvador : Des observations
diverses, des éléments qui parfois s’intègreront
à mes scénarios.
Objectif
Cinéma : C’est un art
quotidien en somme.
Thomas Salvador : Oui, comme peuvent l’être la
lecture, l’écoute, la discussion, tout cela est important
et prioritaire. Le cinéma est le milieu artistique
où l’on trouve sans doute les gens les moins spécialisés,
excepté au poste par poste évidemment. Chez
les réalisateurs par exemple, on a des spécialistes
de rien, parfois même éloignés de leur
projet. Et des films se font comme ça, sans raison
profonde, sans motivations si ce n’est l’ambition et le plan
de carrière. Comme il s’agit d’une affaire collective,
les films font illusion et ça ne choque pas grand monde
; des réalisateurs avancent de films en films mais
ne seront jamais cinéastes. C’est un phénomène
qui existe plus particulièrement au sein de la production
de courts métrages, où des films se font sans
désir et pour des raisons parfaitement étrangères
au cinéma. C’est dommage, dans la mesure où
ce devrait être le lieu privilégié de
l’expression libre (mais cohérente) et du projet personnel.
S’il n’y a pas cela dans un court métrage, c’est vraiment
malheureux.
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