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Thomas Salvador (c) David Lombourg THOMAS SALVADOR
Réalisateur
Entretien réalisé à Paris
en Mars 2002
Par Bernard PAYEN et
Philippe BEER-GABEL
Photos de David LOMBOURG


Auteur de deux courts ovnis cinématographiques (Une rue dans sa longueur, et Là ce jour) encouragés notamment par le festival EntreVues de Belfort, Thomas Salvador tient un discours singulier et passionné sur le cinéma. Entretien avec un cinéaste à la fois apprenti et passeur.


Objectif Cinéma : L’apprentissage tient une place importante dans tes films. Comment as-tu débuté dans le cinéma ?

Thomas Salvador : Le cinéma a commencé pour moi en tant que spectateur, comme pour beaucoup d’autres je pense. Et cela continue, je vais toujours voir un film par jour en salles, sauf si je suis très malade ou si je travaille... Tous les réalisateurs que j’aime ont (ou ont eu) ce rapport avec les salles de cinéma et son histoire. Ils étaient animés par l’envie de faire des films, d’exprimer et de créer, mais aussi curieux de voir ce qui se faisait ailleurs et à d’autres époques. En ce sens j’ai le sentiment de fonctionner à l’ancienne.


  Thomas Salvador (c) David Lombourg

Objectif Cinéma : De qui te revendiquerais-tu plus particulièrement ?

Thomas Salvador : Je ne me revendique d’aucune chapelle. J’aime des cinématographies très différentes. Mais je pense notamment à des gens qui ont beaucoup fréquenté la cinémathèque, qui étaient critiques et cinéastes, ceux de la nouvelle vague par exemple. Cela dit leur cinéma n’est pas non plus celui que je préfère. Je n’ai jamais été ni ''godardien'' ni ''rivettien", mais j'aime simplement certains de leurs films et d'autres non...

Ce sont des personnes qui ont écrit et réfléchi sur le cinéma avant de passer à la réalisation. C’est quelque chose qui s’est perdu aujourd’hui.


Objectif Cinéma : Tu souhaiterais faire le chemin inverse ? Faire ce travail d’écriture sur le cinéma ?

Thomas Salvador : Ce n’est pas impossible. D’ailleurs, je le fais déjà pour moi. J’aime écrire tout court. Et à plus forte raison sur le cinéma.


Objectif Cinéma : Cela fait longtemps que tu écris ?

Thomas Salvador : Je ne sais pas. Tout se mélange au milieu d’autres notes dans des cahiers. Depuis plusieurs années je répertorie les films que je vois, mais j’oublie souvent de le faire et le retard s’accumule. Quand j’y reviens, souvent plusieurs mois après, j’essaie d’écrire sur ceux qui m'ont intéressé. Mais récemment j’ai un peu décroché.


Objectif Cinéma : Qu’écris tu dans ces cahiers ?

Thomas Salvador : Des observations diverses, des éléments qui parfois s’intègreront à mes scénarios.


Objectif Cinéma : C’est un art quotidien en somme.

Thomas Salvador
: Oui, comme peuvent l’être la lecture, l’écoute, la discussion, tout cela est important et prioritaire. Le cinéma est le milieu artistique où l’on trouve sans doute les gens les moins spécialisés, excepté au poste par poste évidemment. Chez les réalisateurs par exemple, on a des spécialistes de rien, parfois même éloignés de leur projet. Et des films se font comme ça, sans raison profonde, sans motivations si ce n’est l’ambition et le plan de carrière. Comme il s’agit d’une affaire collective, les films font illusion et ça ne choque pas grand monde ; des réalisateurs avancent de films en films mais ne seront jamais cinéastes. C’est un phénomène qui existe plus particulièrement au sein de la production de courts métrages, où des films se font sans désir et pour des raisons parfaitement étrangères au cinéma. C’est dommage, dans la mesure où ce devrait être le lieu privilégié de l’expression libre (mais cohérente) et du projet personnel. S’il n’y a pas cela dans un court métrage, c’est vraiment malheureux.