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Thomas Salvador (c) David Lombourg

Thomas Salvador : Il y a beaucoup de réalisateurs qui ne savent pas où se situe géographiquement la Cinémathèque ! On ne peut pourtant que s’enrichir à voir ce que font et faisaient les autres.

Un improvisateur qui joue du piano improvise chez lui, écoute d’autres improvisateurs, de la musique écrite etc. Cela va enrichir son vocabulaire et contribuer à développer son propre style. Je ne vois pas pourquoi cet apprentissage ne serait pas valable pour le cinéma...

Je n’ai pas de rapport analytique avec les films que je vois. Je suis avant tout un spectateur un peu boulimique. Mais je sais qu’un gros travail se fait inconsciemment, par accumulations d’expériences diverses.

Le jour où je devrais tourner une séquence de dialogues dans un café par exemple, je sais que dans un coin de mon cerveau il y en aura des centaines emmagasinées et envisagées de manières très différentes. Au bout du compte, je confronterai tout ce matériau avec ma propre envie, et ce volontairement ou non. Je ne vais pas débarquer dans un café avec la prétention de vouloir tout créer. Tout a déjà (presque) été fait et nous devons composer avec cette réalité.


Objectif Cinéma : En un sens, tu as un héritage concret qui te permet d’avoir une prise totale sur tes films...

Thomas Salvador : Pas totale bien sûr, et heureusement. C’est comme un ciment nécessaire à l’édification d’un travail personnel.

Le cinéma, je me répète, est un travail collectif. Il y a des films qui " passent " parce qu’on va sauver le cadre et le découpage, et cela ne tient parfois qu’au chef opérateur et à l’assistant metteur en scène. Je connais des réalisateurs qui ne font pas eux-mêmes le découpage !  Honnêtement on se demande parfois ce qui reste d’eux au final. Les films qui marquent sont ceux véritablement portés par un individu.

Si l’on compare un réalisateur à succès, établi, et qui aurait réalisé plusieurs longs métrages, avec un violoniste de deuxième rang dans un orchestre de région, inconnu du public, et bien le violoniste sera sûrement beaucoup plus érudit sur son art que ne le sera le réalisateur. Il connaîtra la littérature pour violon, la musique de chambre, les concertos etc. alors que de nombreux réalisateurs ne s’occupent de cinéma que les jours de tournage et le reste de l’année s’en foutent totalement.

Cela dit, pourquoi pas, cela donne parfois des choses intéressantes... Mais j’aime bien dire que le cinéma, comme tout autre discipline d’ailleurs, se doit d’être une affaire de spécialiste. Si je lis un bouquin, j’aime autant qu’il soit le produit de quelqu’un dont les préoccupations quotidiennes soient la littérature.


  Une rue dasn sa longueur (c) D.R.

Objectif Cinéma : Comment évolues-tu dans ce milieu économique, toi qui as avant tout un rapport intrinsèque à la création...

Thomas Salvador : Je ne sais pas. Je suis assez critique en ce qui concerne la manière dont se font, ou non, les films. Mais la réalité veut que faire des films corresponde à une économie bien spécifique, chose à laquelle j’ai pu échapper en produisant moi-même mon premier court métrage (avec l’argent que j’avais touché de l’assurance suite à un cambriolage). Je savais que je le tournerai d’une manière ou d’une autre. Je ne voulais pas passer par les aides, ça ne pouvait pas exister, du moins pas pour moi. Il était important pour moi de payer pour ce film dans tous les sens du terme. 3 ans après que le film ait été tourné et monté, j’ai accepté un jour l’idée de le montrer et donc de le finir complètement.


Objectif Cinéma
: Quels ont été les apports de Local Films quant à la finition d’Une rue dans sa longueur, court métrage pour lequel tu as reçu le prix du festival de Belfort ?

Thomas Salvador : Nicolas Brevière de Local Films a permis au film de se finir, en finançant ce qui restait à faire, notamment le report optique, le générique, le montage négatif et le tirage de la première copie.