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Thomas Salvador (c) David Lombourg
Thomas Salvador : Certains vont aussi s’enthousiasmer pour un détail, même s’il n’est pas mis en valeur. Qu’importe, il se trouve dans le film, dans le son, ou à l’image ! C’est ce qui compte ! Ensuite on fait l’effort de le chercher dans le plan, ou non. J’espère qu’à l’avenir, je le ferais de manière plus travaillée, plus maîtrisée, pour que tout le monde le remarque sans avoir pour autant à l’imposer. Je ne tends pas vers l’ésotérisme, cela ne m’intéresse pas.

Par contre, et ce n’est pas contradictoire, la pédagogie représente quelque chose de très important pour moi, mais pas à l’intérieur des films... J’ai animé pour la première fois cette année des ateliers vidéo avec des élèves et ça m’a passionné ! J’en ferai très certainement d’autres.



Objectif Cinéma : Tu y as montré tes propres films ?

Thomas Salvador : Non, car j’ai du mal à montrer mes films en K7 vidéo. Par contre, le film a été vu par des lycéens au festival de Belfort qui se sont bien marrés, notamment lors de cette scène de Là ce jour dont on vient de parler, où le jeune homme mêle son lacet à un brin d’herbe. Les gens s’interdisent le plus souvent de rire parce que la mise en scène ne souligne pas le gag. Le plan est mis en scène de manière très sérieuse, méthodique. A Belfort, les lycéens ont vu l’essentiel et ne se sont pas empêchés de rire quand ils ont vu, après un plan d’une minute où un jeune homme monte tranquillement une pente, un gros plan où il mêle de manière très naturelle son lacet à un grand brin d’herbe à l'endroit où le gazon est très ras !


Objectif Cinéma : Les lycéens sont plus aptes à remarquer des choses que ne voient pas les adultes ?

Thomas Salvador
: Les adultes sont plus habitués aux codes de narration et se retiennent souvent de réagir quand il leur manque le mode d’emploi leur expliquant s’ils doivent rire ou pleurer. Je propose quelque chose, c'est aux spectateurs de prendre ou de laisser. Je ne demande pas à tout le monde d’être intéressé par les mêmes choses, mais que chacun au contraire se sente libre.

Je peux donner l’impression d’avoir un discours théorique sur mes films, alors qu’en fait, je suis peu à l’aise pour parler du dernier. Quant au prochain, il est écrit mais je ne sais toujours pas de quoi il parle ! Je sais que dans deux ans, j’en saurai plus à son sujet.


  Thomas Salvador (c) David Lombourg

Aujourd’hui, en ce qui concerne Une rue dans sa longueur, je suis très à l’aise pour répondre à des questions que je ne me posais même pas à l’époque du tournage ! J’avais alors une approche très simple, très directe. J’avais juste l’idée d’un film en trois séquences avec trois hommes et un jeune homme. Pour la première séquence, je voulais une leçon concrète avec mon père comme acteur. La deuxième était une façon de parler de politique et d’éducation en faisant s’exprimer une sorte de maître en activisme floral ou terrorisme botanique, comme on veut. Puis j’imaginais quelque chose de plus calme et de seulement gestuel dans la troisième. Je ne pensais même pas à la propre évolution du jeune homme dans ce parcours.

Des gens décèlent souvent des symboles, mais un film, pour moi, c’est une succession d’actions, de gestes, une cascade de trucs très concrets - j’utilise souvent cet adjectif parce qu’il est primordial dans mon travail.

Je ne pense pratiquement qu’aux informations objectives que propose le plan, mais jamais en termes d’allégorie ou de symbole.

Je sais de quoi seront faits mes prochains films, ils s’inscrivent dans la continuité de ce que j’ai amorcé et m’échappent sans m’échapper tout à fait.


Objectif Cinéma : Le spectateur peut rêver ton film.

Thomas Salvador : Il ne se prive pas de le faire ! Certains rajoutent des plans. Dans Une rue dans sa longueur, des gens me parlent des très beaux plans de mains sur les machines alors qu’il n’y en a aucun en réalité ! Il n’y a pas deux personnes qui ont le même rapport au film en raison de la relation particulière qui s'instaure entre lui et le spectateur. C’est pourquoi on me parle souvent de films différents, bien qu’il s’agisse du même...



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2000 Une rue dans sa longueur
2001 Là ce jour