Cinélycée :
Votre nouveau film, Femme Fatale
est-il une synthèse de votre travail antérieur
ou bien s’agit-il d’une nouvelle orientation ?
Brian de Palma : Je dirais
que c’est une nouvelle orientation : je suis venu à
Paris rendre visite à des amis et là j’ai eu
l’idée d’un scénario. Je l’ai écrit,
et j’ai décidé de le réaliser ici au
lieu de le faire aux Etats Unis. J’ai un peu voyagé
en France, j’ai trouvé les lieux de tournage, le financement
et les acteurs. Mais en même temps il s’agit d’un thriller,
un film noir, genres avec lesquels je suis familier.
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Cinélycée :
Rebecca Romijn-Stamos n’était
connue du public qu’à travers ses films d’action (X-men,
Rollerball). La choisir comme actrice principale, n’était-ce
pas un peu risqué ?
Brian de Palma : Pas vraiment,
il est très difficile de trouver quelqu’un qui corresponde
au rôle. Elle devait être sexy, séduisante,
intelligente, fourbe, dangereuse, et, bien sûr, belle
à en mourir. Elle devait aussi être très
bonne actrice et savoir jouer plusieurs rôles différents.
Cela nous a pris beaucoup de temps.
Cinélycée :
Vous avez écrit le scénario de Femme Fatale :
quelle différence y a t-il entre réaliser un
film de commande et un film dont vous êtes l’auteur ?
Brian de Palma : Quand
j’écris un scénario j’essaye, partant d’une
vision, de la rendre vivante et convaincante. Puis j’essaye
en quelque sorte d’introduire les personnages, l’histoire
et les émotions. Les scénarii tout écrits
commencent par une trame conventionnelle, en développant
les personnages, avec des scènes de discussions dans
des cafés, clubs, chambres et salons plutôt ennuyeuses
à tourner ; il me faut donc trouver une façon
plus intéressante de raconter visuellement la scène.
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Cinélycée :
Vous dites que lorsque vous écrivez vous-même
vos scénarii, c’est plus " expérimental ".
Que voulez-vous dire ?
Brian de Palma : C’est
expérimental dans le sens où j’essaie toujours
de trouver un moyen de donner vie à la forme visuelle,
et ça demande énormément de réflexion,
de recherche d’ espaces dans lesquels les acteurs vont évoluer.
J’essaye d’étudier l’aspect visuel afin de toucher
profondément le spectateur.
Cinélycée :
Quel est votre but lorsque vous faites
des films " déconstruits " tels
que Snake Eyes ?
Brian de Palma : C’est
l’idée de mystère, simplement. Snake Eyes
est une histoire racontée de différents points
de vue, et parfois, les gens qui racontent l’histoire ne disent
pas la vérité. Dans ce film, on doit assembler
ces différents points de vue afin de savoir ce qu’il
s’est réellement passé, et choisir qui croire
et de qui se méfier. C’est une histoire très
intéressante, et quand on traite du mystère
, il est important de distiller les informations , car
si le spectateur/lecteur connaît la solution à
la page 16, il n’aura pas envie de continuer jusqu’à
la page 120.
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