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Cinélycée : Les cinéastes français vous ont-ils influencé ?

Brian de Palma : Tôt dans ma carrière, j’ai été influencé par la Nouvelle Vague française, et particulièrement par Godard : la manière qu’il avait de descendre dans la rue, et de faire des films politiques sur ce qui se passait à cette période dans sa vie, et à Paris. J’ai fait à peu près la même chose dans mes premiers films à New York.


  Brian De Palma (c) David Lombourg

Cinélycée : Godard a dit :  " le cinéma c’est la vérité 24 fois par seconde " : vous avez dit le contraire.

Brian de Palma : Quand on fait un film, on ment tout le temps, on réarrange la vérité en fonction de la vérité qu’on veut raconter. Raconter la vérité équivaut en quelque sorte à faire une fiction à partir de choses qui ont l’air vrai.


Cinélycée : Vous considérez-vous comme un manipulateur ?

Brian de Palma : N’importe quel artiste crée quelque chose qui implique les émotions des gens, un univers dans lequel on a envie de rentrer et qui nous fait éprouver des sentiments….Je ne vois pas en quoi c’est particulièrement de la manipulation. Si c’est intéressant, on reste, sinon on s’en va.


Cinélycée : Des réalisateurs que vous fréquentez, comme Spielberg , Lucas, Coppola, Scorsese ont choisi deux voies différentes. Les deux premiers ont choisi de réaliser des films " commerciaux " alors que Scorsese et Coppola sont restés indépendants. Comment vous situez-vous par rapport à eux ?

Brian de Palma : Je suis un peu entre les deux. J’ai fait des films personnels avec un budget réduit, et je fais aussi des blockbusters si je trouve quelque chose qui m’intéresse assez dans ce genre. Il faut faire des films commerciaux pour pouvoir continuer à tourner. Si je m’intéresse à la forme visuelle, je peux être très heureux de faire des films comme les Incorruptibles, Scarface ou Mission : Impossible, même s’il s’agit de genres très conventionnels.


Femme fatale (c) D.R.

Cinélycée : Qu’on aime ou pas vos films, il y a toujours dix ou vingt minutes inoubliables. (la scène du bal dans Carrie, la scène des escaliers dans les Incorruptibles, et l’ouverture de Snake Eyes par exemple) .Est-ce que la virtuosité de ces scènes est indispensable pour la cohérence du film ? Ou bien ne sont-elles là que pour le plaisir du spectateur ?

Brian de Palma : C’est l’essence même de ce que j’essaye de faire dans mes films. Je suis une sorte de " styliste visuel ", j’essaye de raconter des histoires avec des images ; si ces histoires et ces scènes sont si mémorables, c’est parce qu’elles se connectent à vous d’une manière visuelle directe, et qu’elles perdurent dans votre esprit longtemps après que vous ayez vu le film.


Cinélycée : La violence au cinéma ne semble pas vous déranger. Que pensez-vous de votre position ?

Brian de Palma : C’est un faux problème aujourd’hui. Je ne crois pas que les films soient violents de la même manière qu’ils l’étaient quand j’ai commencé dans les 60-70. Nous avons un système de censure très répressif, si le film est estimé trop violent, il sera limité dans sa distribution. Il n’y a plus vraiment autant de violence aujourd’hui dans le cinéma.